Avida Dollars (1 de 2)
Rappelons que ce n’est pas parce qu’on aime les œuvres d’un artiste qu’on partage nécessairement ses idées, seraient-elle réactionnaires, provocatrices, opportunistes et méprisables. Dalí a toujours été du côté de l’argent donc du pouvoir. C’est la fatalité de tout artiste à la mode de son vivant, qui l’incite à la surenchère dans le kitch et la vulgarité. Dalí le faisait avec ironie et un certain éclat, en débitant les pires absurdités devant les médias subjugués.
Le programme d'archives Les nuits de France-Culture vient de regrouper 17 épisodes radiophoniques (d’une trentaine de minutes) sur Dalí.
Les 9 premiers sont truffés d’entretiens savoureux avec le peintre, les suivants sont des commentaires convenus, par des spécialistes de la psychanalyse qui débitent avec sérieux leur glose doctrinaire sur les délires contrôlés du peintre.
Voici un petit florilège de saillies et de pensées par Dalí avec le lien vers l’épisode de la citation (mais il est plus amusant de les entendre déclamées dans les entretiens, avec l'élocution de Dalí, et puis il n’y a pas que des sottises) :
Breton pensait que Dali n’était plus un peintre surréaliste et l’a exclu du mouvement "parce que je n’étais pas de ceux qui se groupaient de façon habituelle à sa table de café".
Je remercie Picasso d’avoir assassiné la peinture académique mais aussi toute la peinture moderne […] Avec son génie ibérique il a produit en 3 semaines les tableaux les plus laids du monde, les portraits de la série Dora Maar d’une laideur surhumaine et on ne peut plus aller plus loin dans ce sens, il faut donc faire maintenant des choses très belles si on veut faire des choses nouvelles.
La peinture abstraite a toujours existé, on l’appelait la peinture décorative.
C’est aux critiques, pas à moi, d’expliquer ce que je fais, que la plupart du temps je ne comprends pas du tout […] Il me suffit de le faire minutieusement.
Je suis un peintre ex-surréaliste
Dans le pointillisme tous les points sont posés les uns à côté des autres bu-reau-cra-ti-que-ment.
Je crois que je suis un peintre assez médiocre dans ce que je produis. Ce que je considère génial c’est la vision de ce que ça devrait être.
Toute ma jeunesse j'ai joué à être un génie sans y croire et je le suis devenu
Le commentateur cite un texte de Dalí qu’il dit trouver déchirant "Le ciel n’est pas en haut, en bas, à gauche, à droite, il est au centre de la poitrine de l’homme qui a la foi. À cette heure je n’ai pas encore la foi et je crains de mourir sans ciel".
Dalí réconfortant lui rétorque "Mais ça va mieux".
Dans l’art il y a encore moins de progrès que dans le reste
La chanson est un moyen de crétinisation générale pour les foules et je m’en sers dans ma méthode paranoïaque critique pour faire partir les gens ou les faire revenir.
Ce que j’aime le plus au monde c’est gagner de l’argent. Je suis la plus grande courtisane de cette époque.
La chanson est un art très mineur
Si dans la vue de Delft il y avait eu une cabine téléphonique, alors Vermeer aurait peint exactement la cabine téléphonique.
Je suis un mys-mixtificateur, un peintre est mixtificateur parce qu’il ne fait que mixter, faire des mixtions entre l’huile, les terres de Sienne…
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