mercredi 1 avril 2009

Les mornes sermons de Monsieur Merson

Il y a quelques jours s'achevait au musée des beaux arts de Rennes une exposition très attendue consacrée au peintre français Luc-Olivier Merson. Personne ne connaît Merson, mais tout le monde a vu un jour une reproduction du «repos pendant la fuite en Égypte», tableau fascinant, presque uniformément gris et quasiment vide, représentant une scène de la mythologie chrétienne.

Les deux versions exposées à Rennes, côte à côte : à gauche celle de Boston, à droite celle de la collection Hearst. La version de Nice était absente.Cette belle composition eut immédiatement, en 1879, un succès considérable. Les américains en réclamèrent des quantités. Merson en fit quelques variations (qu'on trouve notamment aux musées des beaux arts de Nice et de Boston).

L'originalité du tableau et le titre de l'exposition de Rennes (L'Étrange Monsieur Merson) ne pouvaient qu'attirer l'esprit curieux, qui était hélas consterné, au fil de l'exposition, par la pesanteur grossière des compositions, la pauvreté expressive des visages, le dérisoire de l'inspiration, l'omniprésence des tableaux d'histoire moralisateurs. En bref l'ennui.

Détail d'un vitrail illustrant Gargantua de RabelaisIllustrateur au talent mièvre et fade, Merson fut un peintre sans grâce et un dessinateur sans finesse. Apprécié et honoré, il vécut des commandes de l'État, de l'Église et de la bourgeoisie, pour qui il réalisa des fresques, des vitraux, des billets de banque et des timbres poste.


Alors pourquoi «L'Étrange M. Merson» ?Une vision de L.O. Merson - Musée de Lille
Parce que s'il a toujours peint des anecdotes édifiantes, et dans un style académique et pompeux, il les a souvent illustrées par des scènes inédites, et inattendues. Témoin cette toile, «Une vision», où Jésus crucifié hésite entre un vague éclair au chocolat et une meringue opulente, pour finalement désigner la meringue.
Mais était-il nécessaire de déterrer Merson pour cela, et au même moment enterrer indéfiniment tous les chefs d'œuvre de la collection permanente du musée, aujourd'hui invisibles pour cause de réorganisation ?

9 commentaires :

Anonyme a dit…

Votre analyse est complétement fausse. Merson n'a que très peu travaillé pour les églises. De plus, il n'a jamais peint de fresques (ce sont des peintures murales). Avant de porter un jugement trop rapide sur cet artiste, allez donc lire le catalogue et vous réviserez sans aucun doute votre jugement.
Artistiquement.

Costar a dit…

Merson a peu travaillé pour l'église mais il y a quand même quelques exemples (mosaïques qui ornent l’abside du Sacré Cœur...) et surtout une grande majorité de sa production est d'inspiration religieuse, alors j'ai un peu simplifié. Quant aux fresques, il en réalisa tout de même de notoires (par exemple pour l'Opéra comique, ou l'hôtel de ville) et la encore j'ai probablement, par facilité, assimilé les peintures murales aux fresques.

Mais en fin de compte, les différents supports sur lesquels c'est exercé sont talent importent peu. Ce qui ressort de l'ensemble de son œuvre, ce sont des attitudes factices, des expressions stéréotypées, et la constante présence d'un effroyable ennui. Rien, pas le moindre souffle pour alléger tout cela. La pesanteur.

Je vous accorde que je n'exprime que mon impression, ma déception, mais chacun peut se faire une opinion en feuilletant les 200 reproductions disponibles en cliquant dans le billet sur le mot "ennui" (encore désolé pour l'ironie facile).

Anonyme a dit…

je voudrais préciser que vous avez tort l'un et l'autre: Merson n'a peint aucune fresque ni aucune peinture murale. Ce sont des toiles marouflées sur des murs (Opéra Comique...)
Je ne partage pas du tout l'opinion de l'administrateur de ce site. Si Merson vous ennuie à ce point, pourquoi passer tant de temps à parler de lui? On peut aussi discuter de Monet, de Vinci, de Michel-Ange, mais où est l'érudition dans tout ça? parler toujours des m^emes artistes? aucun intér^et... je salut l'initiative du musée de Rennes qui a eu le courage de faire une véritable exposition d'histoire de l'Art. Les amateurs me comprendront.

Costar a dit…

Enfin ! Un peu de polémique dans ce blog qui s'endort. Vous vous faites une opinion trop idéalisée de Ce Glob Est Plat qui n'a jamais prétendu à la moindre érudition et qui n'est qu'un petit carnet d'humeurs personnelles illustré, si possible, de jolies images. mais je remercie les lecteurs (comme vous) qui lui apportent l'érudition qui lui manque, dans les commentaires (qui ne sont jamais censurés).

J'ai passé un peu de temps (pas tant que cela) sur ce petit billet parce que je voulais exprimer ma déception d'avoir été trompé par une sorte de publicité mensongère, par le musée de Rennes qui a créé ce faux mystère (le titre "l'étrange M. Merson") qui ne recouvrait aucune réalité, par les centaines de kilomètres que j'ai fait dans l'espoir de découvrir d'autres merveilles d'un peintre qui avait été capable d'imaginer le "repos pendant la fuite en Egypte" pour me retrouver errant devant des tableaux insipides, et par ce catalogue que vous considérez peut-être comme un sommet d'érudition mais qui n'a pas les qualités d'un vrai catalogue systématique et qui est plutôt un fourre-tout désordonné aux reproductions tellement médiocres.

Je suppose que ce que vous appelez de manière condescendante "ces amateurs qui vous comprendront" sont les heureux mortels qui aiment à la fois Merson et l'érudition. Comme vous, je suis heureux que ces gens-là existent, sans quoi cette exposition ne se serait jamais faite et j'aurais jusqu'à mon dernier souffle gardé mes illusions sur Merson.

Enfin, puisque Ce Glob Est Plat peut s'honorer d'avoir au moins un lecteur érudit, je me permets de lui réclamer deux faveurs. D'abord d'expliquer ici-même librement les raisons de cet intérêt farouche pour L.O. Merson (autrement que par des arguments de spécialiste), puis de nous aider à identifier l'extraordinaire sculpteur présenté dans le billet du 24 mars 2009 (Cliquez pour l'afficher)

Anonyme a dit…

"LES MORNES CRITIQUES DE MONSIEUR COSTAR".

C O S T A R... Voilà un pseudo qui en dit long ! Dévoiler votre identité et votre véritable activité au sein de "CE GLOBE EST PLAT" serait faire preuve d'honnêteté intellectuelle et morale.
Que vous n'appréciez pas l'oeuvre de Luc Olivier MERSON, c'est tout à fait votre droit. Mais à vous lire, vous êtes tout à fait incapable de faire la différence entre Peintre dit "Pompier" et Peintre dit "académiste"...
Vous n'argumentez rien et les arguments que vous utilisez ne tiennent pas la route, c'est une évidence. Comment pouvez vous parler de peintures murales, de toiles marouflées,ou de mosaïques ainsi que des différentes techniques qu'a utilisé L.O.MERSON pour l'ensemble de son oeuvre, alors qu'à l'évidence, ce sont des choses qui vous échappent totalement et que VISIBLEMENTr vous ne maîtrisez absolument pas. Vous êtes le roi des lieux communs ou des vieux clichés! Vous feriez mieux de parler des ragots de "café du commerce".

Bravo au Musée des Beaux-Arts de RENNES pour cette magnifique exposition de l'oeuvre de l'étrange Monsieur MERSON.

SHORTY-MAN.

Costar a dit…

Ah! Encore un amateur de Merson outré, mais qui utilise cette fois-ci les attaques personnelles comme argumentaire, et les contre-vérités. par exemple je n'ai jamais dit que Merson était pompier, ni d'ailleurs "académiste" dont j'avoue ne pas savoir ce que cela signifie. j'ai seulement dit que son style était académique, ce qui me semble difficilement réfutable.

Je précise que si ces commentaires s'éloignent du ton courtois qu'ils avaient jusqu'à présent (on peut donner un avis même tranché sans injurier), je serais obligé de censurer les messages manifestement déséquilibrés, ce qui me répugne.

Costar a dit…

3 mai... Pas de suite aux messages du 21 avril. La polémique se serait éteinte... Dommage.

catherine a dit…

Je regrette, je viens d'effacer mon précédent commentaire... mais en résumé, respectons un peu plus nos différences de vues -éternel sujet- et partageons nos émotions, même avec des inconnus, comme cela a été mon cas au musée des Beaux Arts de Nantes, devant le "Loup d'Agubbio" de Luc Olivier Merson. Il fait partie de l'exposition "fascinante Italie", jusqu'au 1er Mars et rejoindra ensuite le musée des Beaux Arts de Lille auquel il appartient. Je n'oublierai jamais cette oeuvre et le peintre qui s'y rattache, peu importe après tout s'il fut reconnu, célèbre et talentueux, seul compte l'émerveillement qu'il suscite par la qualité de ce travail pictural!
Faîtes comme moi, courrez découvrir ce tableau et sa légende!...

Costar a dit…

Vous avez absolument le droit d'aimer ce genre de peinture, et même de le dire sur un blog qui ne l'aime pas. En matière de goûts, tout est acceptable, même le pire. Et ce tableau n'est pas le pire de ce qu'a fait Merson, même si le loup, avec son auréole sur le crâne, frise un peu le ridicule.