samedi 17 octobre 2009

Pfffffuuut...

Si la méthode a pu sembler barbare à l'homme de la rue, qui aura toujours du mal à s'habituer à la complexité des concepts scientifiques, elle n'a probablement pas offusqué les vrais amateurs de jeux vidéos. Directement inspirés par les films de série B comme Les Guerres de l'Étoile (Star Wars), les ingénieurs de la NASA avaient décidé de frapper les imaginations : précipiter un engin de plus de deux tonnes, à plusieurs milliers de kilomètres à l'heure, au fond d'un cratère paisible de la Lune. Suivi d'une deuxième sonde chargée d'observer l'impact avant de se suicider de la même manière un peu plus loin.

Des dizaines de milliers d'américains s'étaient rassemblés pour suivre la diffusion de l'évènement en direct. Les plus modestes espéraient un splendide panache de poussière. Secrètement, les plus ambitieux devaient rêver qu'un discret déséquilibre du système planétaire se produirait et infléchirait tous ces dérèglements qui nous importunent quotidiennement, la maladie, les impôts, les problèmes de stationnement...(1) Les scientifiques pensaient que l'explosion éjecterait dans l'espace des éléments chimiques situés sous la surface du sol, et qu'ils les analyseraient pour identifier la présence et la quantité d'eau.

La végétation aussi cherche désespérément l'eau, près de Crotone (en haut) ou à Crocefisso, (ci-dessus), dans le sol de Calabre qui est un peu la lune de l'Italie.

Mais voilà, il arrive que la réalité ne dépasse pas la fiction. Et il n'y eut rien. Les sondes se sont écrasées sur la Lune dans le silence, l'indifférence et l'obscurité. Peut-être quatre pixels, légèrement plus clairs, sur les images en infrarouge. Mais personne n'en est sûr.
Alors, comme au lendemain des grandes aventures humaines, la NASA se dit satisfaite. Il lui faudra des jours, des semaines, peut-être des mois, a-t-elle déclaré, pour étudier la quantité de données recueillie (2).
De son côté, désorienté par ces procédés trop techniques, l'homme de la rue utilise un bâton de sourcier pour ne pas trouver d'eau.

***
(1) On sait en effet depuis les travaux de Jacques Laskar que la vie sur Terre s'est certainement maintenue grâce à l'effet stabilisateur de la Lune sur l'axe de rotation de la Terre, donc sur la régularité des saisons pendant de longues périodes de temps.
(2) Comme c'est l'Amérique et que tout y est possible, les ingénieurs de la NASA extraieront peut-être de ces 4 pixels le portrait robot du tueur en série, comme le dit l'excellent Boulet dans cette récente page de son blog.

Aucun commentaire :