Debout, irradiés de la Terre
Debout, forçats bientôt défunts,
Le magma tonne en son cratère
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisant table rase
Foules, esclaves, en nous, partout
Prolifèrent les métastases
Nous ne serons plus rien, bisou !
C'est la fuite banale
Bougeons-nous, car demain
La machine infernale
Tuera le genre humain.
D'après, et sur l'air de l'Internationale
(voir le texte original en fin de chronique)
Le calendrier maya l'a prédit, le monde actuel, né le 13 aout 3114 avant l'ère actuelle, finira le 21 décembre 2012. Tous les scientifiques sérieux le disent, le noyau de la Terre est fait d'un métal en fusion qui enfle et déforme la croûte terrestre. En 2011 déjà trépideront les premiers séismes, regorgeront les premiers raz-de-marée, et on prévoit en 2012 une inversion du champ magnétique accompagnée, sur les humains, de « nombreux phénomènes biologiques internes avec de grandes fatigues, des absences de mémoire et enfin une inversion de la pensée » (voir le dernier chapitre des Messagers du temps vert pistache « À quoi devons-nous nous attendre...»).

Et les prémices viennent du Japon. Séismes continus (800 depuis le 11 mars), tsunami abominable, exhalaisons radioactives qui se répandent de la centrale nucléaire en perdition de Fukushima, et des foules de morts. Mais il ne sera pas possible de montrer ici des images de la situation car les secousses ont déplacé le Japon de 4 mètres, et affaissé de 75 centimètres, déclenchant ainsi un basculement de la Terre. Il se trouve alors au sommet de la planète, invisible depuis notre position. On peut néanmoins en mesurer la gravité en voyant cette envolée éperdue des pigeons de Tokyo, désorientés par l'eau irradiée des fontaines publiques.
(Les amateurs du complot international extrême remarqueront au passage que la Lune n'est en vérité qu'un banal lampadaire qu'on allume quand vient l'obscurité).
On imagine alors les fléaux qui nous attendent. Les grandes fatigues et les pertes de mémoire dont parlent les prédicateurs, c'est la malédiction de tous les innocents irradiés. Mais que signifie « l'inversion de la pensée » ? Un bouleversement des mentalités qui pousserait les humains à décider de remettre la planète dans un état convenable ?
C'est mal parti. Bien sûr, on constate, comme à chaque catastrophe planétaire, la panique qui gagne ceux qui n'ont pas été touchés, qui réclament alors des informations, des contrôles, des garanties. Pour les rassurer, le président de la France affirme « l'excellence technique des dispositifs de sûreté français », et pour ceux qui ne le croiraient pas sur parole, il promet que des vérifications seront faites. Non par des experts internationaux indépendants (ils seraient capables de chouraver notre excellence française), mais par les mêmes instances qui ont toujours autorisé et contrôlé les installations en France et fermé les yeux sur les « erreurs » d'EDF à propos du niveau de risque des sites nucléaires.
Autant dire qu'ils ne se déjugeront pas. Qui les blâmerait, ces braves gens, qui pour conserver leur petit pouvoir lucratif et nourrir leur famille nombreuse ne s'embarrassent pas l'esprit d'hypothétiques incidents nucléaires et d'éventuels enfants qui naitraient avec des maladies incurables ou des déformations insupportables.
Finalement c'est peut-être ça l'inversion de la pensée inspirée par le calendrier maya. C'est qu'en dépit des souffrances, des tragédies, des catastrophes, alors qu'il constelle la Terre de vastes régions invivables à jamais, l'humain parviendra encore à dormir paisiblement.

Début du texte original de l'Internationale :
Debout, les damnés de la Terre
Debout, les forçats de la faim,
La raison tonne en son cratère
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase
Foules, esclaves, debout, debout
Le monde va changer de base
Nous ne sommes rien, soyons tout.
C'est la lutte finale
Groupons-nous, et demain
l'Internationale
sera le genre humain.