Un pape est mort
Dieu est mort mais la croyance se porte bien. C'est qu'elle n'a pas besoin de support, ou si peu. Il suffit de croire pour croire. Et puis comme avec toutes les affections humaines, amour ou haine, la croyance peut se fixer sur n'importe quoi. Le principe est d'accepter les choses les plus invraisemblables pour échapper au réel. Le besoin de merveilleux est universel, et c'est une maladie contagieuse, voyez comme elle se propage.
Prenez un fait inexpliqué par la science (la mode est plutôt aux guérisons inespérées, qui marquent les esprits, sont faciles à falsifier, et adviennent même parfois). La pauvre sœur Marie Simon-Pierre, religieuse, tremblait de tout son corps, atteinte de la maladie de Parkinson. Elle fut soudain guérie, deux mois seulement après la mort, par le même mal, du pape Jean-Paul 2.
Un aréopage de savants croyants (oui ça existe, c'est un oxymore, une erreur de la nature), décréta que l'évènement était un miracle. Puis, en scientifiques sincères, ils en attribuèrent la paternité à Jean-Paul 2, qui se décomposait tranquillement, à Rome, au fond de sa crypte. Or un pape mort qui fait un miracle a droit à une promotion, la Béatification. Pour deux miracles il aurait obtenu la Sanctification. Mais être béat (ou bienheureux), c'est déjà bien.
Et cela occasionna une pompeuse cérémonie, qui se déroula le dimanche 1er mai.
Elle a fait venir à Rome un million de fanatiques, et quantités de politiques dont le Gouvernement de la France, bien connue pour sa laïcité. Passons pudiquement sur l'aubaine financière (1) de ces festivités. On vous remonte de votre caveau humide. On vous présente la brave religieuse que vous avez miraculée (vous la recevez assez froidement). Elle brandit alors un flacon conservé de votre sang à la foule qui crie de vous sanctifier sur place. Puis un million d'adorateurs défilent devant votre cadavre.
Vous serez désormais fêté le 22 octobre sur les calendriers de la poste.
Au même moment le président des États-Unis annonce au monde la suppression définitive, quelque part en pleine mer, du diable en personne, le terroriste Usama Bin Laden, pape obscur d'une autre religion.
Le vieux pape, au fond de son tombeau, apprend qu'il sera béatifié. Le fauteuil est signé LaurieS. Le chapeau n'est pas très catholique, mais on ne contredit pas les dernières volontés d'un pape.
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9 commentaires :
le pape est mort, un nouveau pape est appelé araignée.
Superbe cette photo de l'araignée maussade sur son fauteuil LaurieS, une oeuvre signée... ?
En fait cette photo n'en est pas une. C'est une image de synthèse, un parfait OGM. Les objets (fauteuil, couronne, squelette) sont des modèles 3D fournis bruts par de courageux tâcherons rémunérés. Le reste, attitudes, déformations, expressions, mise en scène, lumières sont de votre serviteur, et calculés en une dizaine de minutes par son ordinateur personnel sur un logiciel de dessin en 3D (Carrara).
Ces logiciels sont fascinants comme jouer aux modèles réduits ou aux maisons de poupées et permettront d'illustrer à l'infini les chroniques de Ce Glob est Plat quand toute photo sera interdite dans tous les lieux publics.
Lorsque que vous avez un doute sur une photo, regardez les mots clefs de la chronique. Si vous y lisez 3D ou Carrara, c'est que l'illustration est une image de synthèse.
Génial ! merci pour les informations.
Quant à votre "assemblage", je le considère comme une véritable oeuvre d'art. Une image que je préfère (et de loin !) au pape de Bacon en train d'hurler sur sa chaise électrique.
J'aurais juré avoir déjà vu cette image quelque part. Comment expliquer une telle impression ?
Je pense que beaucoup d'oeuvre d'art sont en gestation dans l'inconscient collectif, attendant sagement qu'un artiste les mette au monde... Bravo pour cette création, je suis très sincèrement admirative.
Si vous me permettez un petit conseil, mettez vite un filigranne sur cette image si vous ne souhaitez pas qu'un malotru se l'approprie et la diffuse comme sienne.
Tilia, vous n'avez pas lu l'encart "Reproduction autorisée" dans la colonne droite du Glob!
Je pense que les esprits devraient évoluer sur la question de la propriété intellectuelle. Je serais personnellement ravi que les images de mes tableaux (Qu'on peut voir ici dans une chronique fictive de janvier 2001) ou mes photos soient pillées et reproduites sur toute la planète, et même usurpées, quelle importance, j'aurais tous les moyens de prouver en être l'auteur si nécessaire.
Être pillé ou détourné signifie que vos œuvres sont prisées, et prennent ainsi de la valeur.
Savez-vous que les musiques ou les films les plus piratés, et de très loin, sont ceux qui ont déjà les plus gros succès et dont les auteurs sont déjà riches. Mais ce sont hélas eux qui en veulent toujours plus et qui influencent pour mettre en place la répression, les Hadopineries et autres absurdités.
Allons même plus loin. Si quelqu'un réussit à tirer un bénéfice quelconque d'une de mes œuvres, je ne lui reprocherais sûrement pas d'avoir réussi là où, par manque de motivation, j'ai toujours échoué.
Quant à votre impression de déjà vu, on voit défiler tellement de milliers d'images tous les jours qu'il doit parfois arriver qu'elles reviennent inconsciemment au moment de créer une nouvelle image.
Oups ! non, je n'avais pas lu :)
Bravo pour votre philosophie, très magnanime.
Bonne fête tout de même
Vous dites : « Le besoin de merveilleux est universel, et c'est une maladie contagieuse, voyez comme elle se propage » : Le merveilleux n’a rien à voir avec les croyances. Croire c’est être persuadé que quelque chose existe sans preuve (c’est vrai parce que les curés me l’ont dit). On peut aimer le merveilleux, la science fiction où les mythes, tout en sachant évidemment que tout cela n’a rien à voir avec la réalité. Je pense même que l’on a beaucoup de choses à apprendre des contes ou de la mythologie grecque par exemple. Pour le reste je partage entièrement votre façon de voir et je trouve votre blog intéressant.
Oui, lucm.reze, vous pouvez parfaitement penser cela. Je pense de mon côté que le merveilleux, l'imaginaire, sont toujours un retrait de la réalité et que la frontière entre l'imaginaire qu'on choisit de temps en temps pour s'évader un peu et l'imaginaire auquel on croit au point de guider nos actes me semble n'être qu'une question de degré, et pas une différence de fond. Mais c'est une question intéressante.
Je pense même que l’imaginaire est un des moteurs du progrès scientifique. En effet, avant l’expérimentation et la confirmation ou non d’une hypothèse, il est nécessaire de faire appel à l’imaginaire pour inventer des possibles réalités. Une théorie jusqu’à son éventuelle confirmation est purement spéculative.
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