mardi 7 février 2012

Améliorons les chefs-d'œuvre (1)

Jean-Léon Gérôme, Le marchand de couleurs, 1891, retouché en 2012


On trouve dans le catalogue des œuvres du peintre Jean-Léon Gérôme, au milieu des spectacles pompeux et des portraits de naïades en caoutchouc quelques gemmes au charme inattendu, comme « Deux générations sur le pas de la porte » du musée de Rouen, ou « Le marchand de couleurs », reproduit ci-dessus. Ce dernier était exposé dans la récente rétrospective parisienne, fin 2010. L'étiquette le situait au Museum of Fine Arts de Boston, mais il ne fait curieusement pas partie des cinq tableaux de Gérôme recensés dans les collections du musée.
Il est parfois appelé « Le pileur de couleurs ». En effet, sur le tableau original, un personnage pulvérisait d'un geste ample des pigments roses dans le panier à gauche, mais par un adroit subterfuge inspiré des meilleures méthodes de l'information chinoise et des journaux à sensation, la rédaction de Ce Glob est Plat a préféré le supprimer, le jugeant dissonant dans l'harmonie générale du tableau.

Gérôme avait peint un personnage manifestement posé en studio. L'attitude artificielle, raide comme le Vieil Horace dans le Serment peint par David. Les jambes dans une position indéterminable. Affublé d'une lumière qui se raccordait si peu à l'ambiance de la scène que ce corps qui ne projetait pas d'ombre semblait découpé dans un livre illustré et collé approximativement ici, quelques centimètres au dessus du sol.

Absolument conscient du sacrilège que constitue cette atteinte à l'intégrité du patrimoine de la France, Ce Glob est Plat proposera dans cette nouvelle série de massacrer également des tableaux italiens, par exemple en redonnant un peu de vie au sourire inanimé et enfumé de la Joconde, ou des tableaux espagnols, en effaçant certains angelots grotesques.

2 commentaires :

Tilia a dit…

L'intérêt du tableau réside surtout dans les couleurs débordant des paniers. On peut donc supprimer le broyeur sans trop de casse.
Ceci dit, votre image manque singulièrement de lumière par rapport à celle d'Atheanaeum...

J'attends avec impatience votre Mona Lisa rigolarde :)

Costar a dit…

Tilia,

Cette histoire de différence de "lumière" provient certainement du profil de couleurs associé aux images, et au navigateur utilisé. Je m'attache généralement à supprimer tout profil de couleurs de mes images afin qu'elles sonnent pareillement sur tous les systèmes et dans tous les navigateurs internet. Safari, et Firefox aussi je crois, se sont récemment mis à tenir compte du profil de couleur dans l'affichage des images. Certaines applications (par exemple Adobe Bridge) appliquent un profil de couleurs par défaut quand elles n'en trouvent pas incorporé à l'image. Tout ceci devient rapidement ingérable, et peut expliquer que sur l'application que vous utilisez les deux images soient différentes. De mon côté, elles sont parfaitement identiques sur Opera, Firefox, Safari, OSX et sur Photoshop.

Ceci dit, j'ai tout de même légèrement éclairci ma version qui le méritait.