dimanche 10 février 2013

L'apocalypse de vendredi prochain

À prédire sans arrêt, à la moindre contrariété pécuniaire de la Presse, les plus abracadabrantes fins du Monde, on finit par oublier qu'avant l'évaporation définitive de l'Univers, avant même l'explosion dévastatrice du Soleil, avant le décrochement de la Lune de son orbite, avant toutes ces calamités variées, l'Homme finira certainement écrasé par un astéroïde.
Les plus doctes savants l'admettent avec modestie ; si l'Homme ne réussit pas dans les décennies proches à se faire cuire dans sa propre marmite au moyen d'émanations de dioxyde de carbone, de césium, ou de toute autre inavouable molécule en -ium, il sera anéanti par un gros caillou distrait venu de l'espace.
Car la chose arrive relativement fréquemment.

D'indécrottables optimistes vous diront que les objets d'une taille susceptible de détruire la planète sont rares, tous les 50 millions d'années, voire plus. Les statistiques ne trompent pas. Ou rarement.
Ils ajouteront que le dernier caillou de cette taille, qui a éliminé les dinosaures et une grande part des espèces animales, a été plutôt salutaire puisqu'il a laissé ainsi le champ libre à quelques petits mammifères qui ont survécu, profité, et sont devenus de beaux animaux grands et nobles avec costume, cravate, téléphone sans fil et le pouce préhenseur.
C'était il y a 65 millions d'années, et c'était un très gros caillou de plusieurs kilomètres sans doute.

Les autres météorites sont moins grosses mais plus fréquentes. Celle du
Meteor Crater, il y a 50 000 ans, ne mesurait que 50 mètres. Le choc a détruit une zone d'une cinquantaine de kilomètres. Celle de la Toungouska, le 30 juin 1908, du même ordre de grandeur, anéantissait près de 100 kilomètres de forêt, en Sibérie. On ne sait rien de plus. Tout s'est volatilisé.

Et puis il y a Apophis (ou 2004-MN4), astéroïde de fer de 300 mètres, qui joue avec le feu. Le 30 avril 2029 il frôlera la terre, à 30 000 kilomètres dit-on, dix fois plus près que la Lune, et plus près même que les satellites géostationnaires. S'il nous rate, il repassera certainement en 2036, mais les spécialistes ne sont pas bien convaincus de sa trajectoire, elle peut encore être légèrement détournée en cours de route.
Ils sont cependant rassurants. En cas d'impact, le choc ne pulvériserait qu'une région, même pas un pays (sauf s'il est petit, bien sûr, ces apocalypses ambulantes déploient tout de même une puissance de l'ordre de 1000 à 50 000 bombes d'Hiroshima, c'est à dire potentiellement 100 millions de morts pour la plus petite).
Restent les aléas de la chute, les impondérables. Deux chances sur dix de tomber sur une zone inhabitée, les autres ne constituant pas vraiment des chances ; sept sur dix de générer un gigantesque tsunami en tombant dans l'eau, une sur dix d'annihiler directement les habitants malchanceux.
Notez bien Apophis dans vos agendas électroniques, pour ne pas vous trouver surpris par une fin du monde inopportune.

Enfin il y a
2012-DA14, un petit rocher de 50 mètres de diamètre. On a fait sa connaissance le 23 février 2012 quand il passait à quelques millions de kilomètres. Il s'est enhardi depuis et revient vendredi prochain 15 février à seulement 27 000 kilomètres. En Asie on le verra alors avec des jumelles.
Il faut espérer que l'estimation de sa trajectoire est à peu près juste, ou le baptiser d'un nom plus poétique, pour faire des gros titres séduisants en cas de funérailles nationales.


Matin calme en Toscane, juillet 2010

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