mardi 8 mai 2018

Petite histoire amorale

Le Metropolitan museum de New York est « un des plus grands musées d’art au monde » dit l'encyclopédie Wikipedia.
Certainement conseillé par les meilleurs experts de la planète, le musée avait néanmoins besoin d’argent. Il décidait en 2013, cela se pratique régulièrement dans les musées américains, de vendre une œuvre mineure.

Il choisit un portrait de jeune fille donné au musée en 1960 et attribué à un imitateur de Rubens, et le confia aux enchères. Il en attendait autour de 25 000 euros (les prix sont convertis et arrondis). En février, Sotheby’s New York en obtenait plus de 500 000 euros (ce sont des choses qui arrivent).

L’acheteur anonyme se souvenant certainement que le tableau était attribué jusqu’en 1947 à Rubens, fit enlever les légers glacis récents rose, orange et vert qui lui donnaient l’apparence d’un portrait achevé et voilaient à peine l’étude sous-jacente esquissée avec virtuosité.

Puis l’année suivante, en 2014, il présenta le pâle portrait. Tout le monde reconnut sans hésiter la main de Rubens et le visage de sa fille morte de la peste en 1623, avant ses 13 ans. Les indices probants confluaient.

Le tableau fut montré dans les plus prestigieuses expositions rubéniennes et sera prochainement inséré dans le catalogue officiel des œuvres du maitre.

L’acheteur anonyme en a profité pour le confier à la maison Christie’s qui se chargera des enchères le 5 juillet prochain à Londres, et espère en obtenir 4 à 5 000 000 d’euros.

Le Metropolitan museum qui éprouve de graves problèmes de gestion vient de rendre l’entrée payante aux visiteurs non New-Yorkais, pour environ 21 euros, ce qui est cher.


Sources : Site de la maison d’enchères Christie’s « Clara Serena Rubens — a recently re-attributed portrait by Sir Peter Paul Rubens », Financial Times 01.05.2108 « Rubens painting that fooled the Met goes up for sale », La tribune de l’Art 01.05.2018 « Un exemple désastreux de deaccessioning par le Metropolitan Museum »

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