Ce monde est disparu (3)
Jean-Léon Gérôme, peintre habituellement très académique, pourfendeur et empêcheur de ses collègues impressionnistes, oubliait quelquefois le kitch, le pompeux, la rentabilité. C’était le cas dans les esquisses qu’il n’envisageait pas de vendre, comme cette étude d’ibis rouges (il l'a tout de même signée) d’où émane un charme un peu surréaliste, et qui vient de disparaitre, le 24 mai peu après 10 heures, chez Sotheby’s à New York, plutôt discrètement. On pense inévitablement aux immenses planches ornithologiques d’Audubon qui fascinèrent l’Europe et l’Amérique dans les années 1830, quand Gérôme était adolescent.
Deux jours et quelques minutes plus tard, au même endroit, disparaissait un autre animal que la décence nous interdit d’afficher ici, mais que la rigueur scientifique nous oblige à signaler. Estimé 4000 dollars par les experts de la chose, il s’en allait contre 280 000, 70 fois l’estimation (et 6 fois le prix des ibis), c’est dire la passion qu’il aura soulevée !
Il s'appelait Pompon, jouet adoré qui désennuyait dit-on la reine Marie-Antoinette d’Autriche, portraituré ici par un peintre dont on ne connait par chance à peu près rien, Jacques Barthélémy Delamarre, académicien en 1777. On ne regrettera pas sa disparition (nous parlons du tableau du toutou).
Une reproduction d'une haute précision anatomique - à vos risques et périls, tout trouble consécutif et séquelle ne feront l’objet d’aucun dédommagement - est visible ici. Les informations techniques sur l’objet sont détaillées là.
2 commentaires :
Fichtre ! Malgré l'avertissement le coup de Pompon a failli m'être fatal. On est pas loin des effets délétère d'un Margaret Keane cul-sec suivi d'un Mark Ryden sans glaçon !
Ceci expliquant sans doute cela, il y a fort à parier que le gagneur du Pompon est un adorateur de kitsch-neo-vintage d'influence Häagen-Dazs canal Chantilly (donc très mauvais pour le cœur ... et la raison. cqfd)
Ah je m'en doutais Vasco, vous êtes un monstre, vous vous vengez en me faisant (re)découvrir Mme Keane ! J'avais pourtant lu l'histoire de l'imposture de son mari, mais n'avais jamais vu ses tableaux (ou plus probablement je les avais effacés immédiatement).
Et je note que Tim Burton lui a consacré un film, Big Eyes évidemment, en 2014, que j'ai également raté. On dit que c'est un téléfilm insipide qui n'évite aucun écueil du genre ! je le télécharge illico.
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