φιλαδελφία
Andrew Wyeth, Groundhog day (100cm, 1959) Philadelphia museum of art.
Comment ça, nous n’avions jamais visité le musée d’art de Philadelphie, alors qu’on était récemment tout près, à Hartford ?
C’est un oubli regrettable, une ville qui a failli devenir la capitale des États-Unis. Il est vrai qu’elle a perdu 400 000 habitants depuis les années 1950, mais ça n’est certainement pas à cause de ses collections, qui attirent 800 000 visiteurs par an dit l'Encyclopédie. C’est peut-être parce qu’un quart des habitants y survivent sous le seuil de pauvreté, et que les médias racontent qu’ils hantent par milliers la longue avenue de Kensington, jour et nuit, hésitants comme des zombis, le corps tordu, perdant leurs membres dans les caniveaux. On y compterait 5 morts chaque matin, sous l’effet de la déréliction économique, assistée de drogues tout à fait légales et bon marché promues par des laboratoires renommés et mécènes des plus grands musées internationaux (l’étymologie grecque de Philadelphia est fraternité, ne l’oublions pas).
Justement, le musée, le Philadelphia Museum of Art, parlons-en. Sur son site internet, dans un résumé historique qui fait son possible pour ne rien nous apprendre, il se réjouit d'avoir toujours bénéficié, malgré les crises et les guerres, de donations généreuses, et se considère honoré de posséder la robe de mariage de Grace Kelly avec le prince Rainier 3 de Monaco. On le comprend.
La présentation de la collection de 170 000 pièces (dont 5000 exposées au public) est peu enthousiasmante, mais honorable, dans des reproductions téléchargeables, le plus souvent d’une bonne qualité (3000 à 4000 pixels), aux renseignements laconiques.
Pour une visite agréable il sera préférable, sur la page de recherche, à gauche, de filtrer les 170 000 objets en utilisant les critères de recherche (ordonnés par nombre d’occurrences), par exemple en sélectionnant "peinture" et "européenne", on réduit la balade à 2500 vignettes, classées un peu n’importe comment, il faut le reconnaitre.
Pour une visite agréable il sera préférable, sur la page de recherche, à gauche, de filtrer les 170 000 objets en utilisant les critères de recherche (ordonnés par nombre d’occurrences), par exemple en sélectionnant "peinture" et "européenne", on réduit la balade à 2500 vignettes, classées un peu n’importe comment, il faut le reconnaitre.
Tout cela n’est pas vraiment folichon, mais quand vous aurez jeté un coup d’œil au florilège qui suit, désordonné mais orienté, vous aurez peut-être envie de poursuivre un peu la balade imaginaire, quitte à vous y perdre (d'autant plus qu'une bonne part, peut-être la moitié, des œuvres choisies ici ne sont pas exposées au public).
Peu de musées peuvent se réjouir d’héberger à la fois une des plus minuscules miniatures de Van Eyck (une carte postale) et des panneaux de la main incontestée de Rogier van der Weyden ; Philadelphie expose son monumental diptyque de la crucifixion (près de 4 m²), certainement la plus singulière de ses œuvres, où les personnages de la Passion sont enfermés dans des décors abstraits comme dans les tableaux de Francis Bacon.
La série d’œuvres d’Andrew Wyeth est remarquable, ce qui n’est pas une surprise, Wyeth est né et mort à Chadds Ford, à moins de 50 kilomètres du musée, et avait fait son atelier d’un vieux moulin voisin. Outre le moulin, on trouvera deux autres tableaux exceptionnels, ces deux seaux au fond d’un couloir de ferme et le célèbre coin de table de Groundhog Day (illustration plus haut. Hélas Wyeth n’est mort qu’en 2009 et ne méritera donc pas de reproductions de haute qualité avant des décennies).
Une série aussi remarquable de Thomas Eakins. Là encore rien de surprenant, Eakins, considéré comme le plus important des peintres réalistes étasuniens est né à Philadelphie, y a enseigné, peint, et y est mort. Oublions son inévitable portrait de l’orgueilleux Docteur Gross et son scalpel (notez tout de même, à gauche, la mère du patient qui ne partage pas la confiance du chirurgien), et admirons les frises de personnages de "Réparant le filet" (ill. détail 4) et "Pêche à Gloucester", ou les étonnants portraits de Mrs. Cushing ou de La cantatrice.
De Jacob van Oost l’ancien, un Portrait de fille, magnifique exemple du portraitiste peut-être le plus subtil du 17ème siècle flamand à Bruges, dont Wikipedia qui n’y connait rien dit que ses portraits sont stéréotypés (on pourrait aisément montrer que c’est une grossière erreur de jugement).
De Turner l’époustouflant "Incendie du parlement" auquel le peintre assistait le 16 octobre 1834. Il peignit un autre point de vue de l’évènement, plus éloigné, aujourd’hui au musée de Cleveland.
Et beaucoup d’autres paysages plutôt originaux, inhabituels, hollandais avec Jacob Ruidsael (ill. détail 3), Van der Heyden, Wijnants, Wouwermans, Dubbels, et d’origines diverses avec Thaulow, Lane, Guardi, Aivasovsky (Aivazovski), Calame, Doughty, Gauffier (ill. détail 2), Monet (ill. détail 1), Pissarro…
Et puis des scènes aussi curieuses, de Duyster (ill. détail 5), Degas, Winslow Homer, AH. Maurer, Jan Olis, JF. Millet, Rusinol (Rusiñol), Judith Leyster (ill. détail 6), et des milliers d'autres choses…
Détails dans les salles du Philadelphia museum of art, de haut en bas Monet, Gauffier, Ruisdael, Eakins, Duyster, Leyster.
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