mercredi 1 janvier 2025

Renaissance d’une Nativité

Pour celles et ceux qui, une fois adultes, ont persisté à croire aux contes de fées, la National Gallery de Londres avait prévu cette année un noël de circonstance : exposer dans toute la fraicheur d’une minutieuse restauration un des bijoux de sa collection, la nativité du Christ peinte vers 1485 par Geertgen tot Sint Jans (en français, Gérard de Saint Jean). 

Mais le projet de renaissance a un peu dérivé. La restauratrice qui en était chargée reconnait avoir été surprise par l’ampleur du travail, sur un si petit panneau large de 25 centimètres, comme elle l’explique dans une vidéo (8min.) où elle insiste sur son état de délabrement, bien dissimulé derrière des repeints et une épaisseur anormale de vernis. En 1904 à Berlin, l’incendie de l’appartement de son propriétaire d’alors avait fait bouillir la surface peinte, assombri les couleurs, provoqué des cloques jusque sur le visage de la Vierge et occasionné des soins d’urgence.

Finalement, à la date anniversaire, le panneau n’était pas exposé, mais tout de même reproduit, sans doute à la hâte, sur le site du musée, en une image très détaillée, mais couverte de reflets, de désagréables points brillants par endroits.

Le site de la National Gallery permet la consultation en haute définition mais ne permet plus les téléchargements, depuis quelques temps, qu’en basse qualité (eh oui, même cette vénérable institution dont la visite est gratuite fait la quête). Néanmoins Ce blog est plat, toujours prêt à satisfaire son lectorat le plus exigeant, a réussi par les moyens de l’intelligence naturelle à récupérer l’image et à réduire certaines brillances excessives de la photo originale (notre illustration).

À propos du peintre, Geertgen était de la deuxième génération des héritiers de Jan Van Eyck aux Pays-Bas. À peine une quinzaine d’œuvres lui sont attribuées, du bout des lèvres. Les plus belles sont sans doute à Vienne le Christ mort et les Restes de Jean-Baptiste, et à Berlin ce dernier dans le désert. Amsterdam en a trois plus ou moins attribuées, et même le Louvre en expose une, médiocrement reproduite. 

Comme chez Petrus Christus, il y a dans le style de Geertgen une raideur, une fraicheur un peu naïve, mais plus attachante que chez son ainé, par une sorte de proximité, de familiarité avec ses personnages, d’humanité dans ses portraits. Il serait mort avant 30 ans.