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mardi 3 octobre 2017

Un bozoglyphe pour François-Joseph

Depuis qu’il croit être muni d’une sorte de conscience et décider librement de ses actes, l’être humain, ce légume blanchâtre qui sort à peine de terre pour y retourner, ne se prend pas pour la moitié d’une asperge. Il s’est mis à imaginer que des « entités » dans les nuages, observent ses réalisations, qu’il pense grandioses et dignes de leur admiration.

Alors il a réalisé sur le sol d’immenses figures visibles uniquement du ciel. Les plus célèbres ont été tracées voici plus de 1500 ans en balayant les cailloux du désert de Nazca, au sud du Pérou.
De nos jours ces figures d’animaux sont un peu effacées, mais on distingue encore nettement les marques « © 2017 Google » qui constellent le sol rocailleux. La prescience des anciens nous étonnera toujours.

Plus près de nous, il y eut la vogue des agroglyphes ou crop circles, ces grandes figures géométriques qui fleurirent dans les champs et qui curieusement, devant les protestations des syndicats d’agriculteurs, ne durèrent que le temps de quelques moissons. On ne dira jamais assez les méfaits de la mondialisation, du culte de la productivité, et, osons le dire, du bouleversement des valeurs.

Il reste heureusement, pour celui qui ne trouve plus sa place dans le monde contemporain, un refuge où priment encore la paix, l’ordre et la symétrie, un havre d’où il peut encore présenter au ciel l’étendue de ses sentiments. C’est le jardin à la française, et ses fameux bozoglyphes.
Rappelez-vous Herrenchiemsee, le faciès attristé du roi d’opérette Louis 2 de Bavière, et Versailles, la mine ravie et un peu hystérique du nouveau président de la République.

Aujourd’hui c’est en Autriche, à Vienne, dans le dessin des jardins du château de Schönbrunn, qu’un point de vue aéronautique révèlera une sorte de squelette desséché à l'anatomie douteuse et aux bras étendus en croix.



Et c’est bien l'hommage le plus approprié qui pouvait être rendu à François-Joseph 1er, empereur d’Autriche, non parce que le souverain avait vécu dans ce château durant ses 68 années de règne pour enfin y mourir le 21 novembre 1916, mais parce qu’il avait enclenché le plus grand massacre qu’ait alors connu l’humanité, la Première Guerre mondiale, et ses quelques 20 millions de cadavres. 

dimanche 28 octobre 2012

Un bozoglyphe en Bavière

Vue aérienne du château d'Herrenchiemsee (© Google Maps)

Les tracés de contours d'animaux stylisés qui sillonnent le plateau de Nazca au Pérou (géoglyphes) ou les figures géométriques circulaires imprimées dans les champs d'Angleterre (agroglyphes) sont bien connus des amateurs d'affabulation qui les prétendent réalisés par des extraterrestres, du haut de leurs soucoupes volantes équipées des technologies les plus perfectionnées, stylos à bille 4 couleurs, taille-crayons à réservoir...

Mais d'incroyables révélations faites dans ce blog même en décembre 2007 prouvèrent brillamment que des figures illisibles vues du sol pouvaient être réalisés à l'aveugle par des humains entreprenants et motivés par une vénération irrationnelle (bozoglyphes).
Et cette démonstration, dans le parc du château de Versailles, aurait dû immédiatement évoquer Louis 2 de Bavière à tout amateur de majestés et de têtes couronnées.

Car ce malheureux monarque d'opérette admirait tant Louis 14 qu'il fit construire une copie améliorée du palais du Roi-Soleil, sur une ile du grand lac bavarois de Chiem, le château d'Herrenchiemsee. Tout devait y être plus grandiose qu'à Versailles. La galerie des glaces y dépasse l'originale, mais il est resté inachevé. Louis 2 n'y vécut que quelques jours de 1886 (le 12 juin, déchu, il était déplacé et interné au château de Berg, cent kilomètres à l'ouest, près de Munich).

Et la contrefaçon s'étend au dessin des jardins. Le parterre face au château est l'imitation exacte de celui de Versailles, à une nuance près. Si le visage original présente le faciès prospère et réjoui de l'autocrate belliciste qui saignait le peuple, sans complexe, pour assouvir ses plaisirs, le portrait d'Herrenchiemsee, quant à lui, a l'expression mélancolique, l'œil vide et le rictus douloureux.
On y lit la destinée funeste de ce roi neurasthénique découvert gisant dans les eaux glacées du lac de Starnberg, le 13 juin 1886.


Parterre du château d'Herrenchiemsee (© Google Maps)