samedi 19 février 2011

Muséographie électronique

La chose n'aura pas échappé aux vrais amateurs d'art, la polémique fait des bulles dans le petit monde des images sur internet.

Et c'est encore à propos de Gougueule, qui vient de s'entendre avec quelques musées avertis pour photographier en ultra haute résolution un tableau de leur choix et le présenter, avec d'autres de moindre qualité, dans une sorte de pinacothèque, de site des musées, nommé Google Art Project. Ça n'est pas nouveau. On se rappellera le Prado. Dessein philanthropique ou besoin mercantile, l'obsession de Gougueule a toujours été de numériser le monde entier en haute définition, et donc le contenu de tous les musées du monde.

Les reproches pleuvent, dont ceux de Wikimedia, ce qui peut surprendre de la part d'un organisme défenseur de la liberté des droits de l'image. Ils allèguent que le site de Gougueule, dont les images ne sont pas copiables, ferait régresser la notion de domaine public car il risque de détourner les musées dans leur démarche de libéralisation de la diffusion de leurs œuvres. En réalité, comme toute image affichée sur un ordinateur, elles sont copiables et feront de splendides fonds d'écran. On en trouve même dans leur format original, immense, sur le site de ceux qui dénigrent le projet, Wikimedia !

Ces arguments légèrement orientés et certainement byzantins n'émouvront pas le quidam utilisateur. La curiosité de l'être humain est aussi vaste que l'univers, mais ses enjambées sont minuscules et son souffle bref. Alors, comme dans un roman d'aventures, il attend qu'on lui apporte sur un coin de table l'air de l'océan, le goût des embruns et le détail ciselé des plus beaux coquillages des endroits où il n'ira jamais.

Et Google Art Project, comme Google Earth ou Panoramio, lui procurera cet émerveillement. On raconte que seulement dix-sept musées ont eu l'intelligence de se lancer dans cette entreprise, et qu'il n'y a que mille œuvres reproduites. C'est peu, décevant même, mais ça représente déjà quelques heures de flânerie et de délectation.


En haut d'article, détail du retour du fils prodigue, de Rembrandt (Saint-Pétersbourg, Hermitage),
copyright Google Art Project ainsi que tous les détails ci-dessus (et ci-dessous).

Piero di Cosimo, Andromède libérée par Persée (Florence, Uffizi), Jacob van Ruisdael, Chênes au bord d'un lac et nénuphars (Berlin, Gemaldegalerie), Vassily Verechtchaguine, Apothéose de la guerre (Moscou, galerie Tretyakov), Vermeer, Jeune femme au collier de perles (Berlin, Gemaldegalerie), Rembrandt, La ronde de nuit (Amsterdam, Rijksmuseum), Van Eyck Jan, Madone dans une église (Berlin, Gemaldegalerie), Klinger Max, The walker (Berlin, Alte Nationalgalerie), Botticelli Sandro, Naissance de Vénus (Florence, Uffizi), Van Gogh, Nuit étoilée (New York, MoMA), Oehme Ferdinand, Scharfenberg la nuit (Berlin, Alte Nationalgalerie), Brueghel Peter, Les proverbes (Berlin, Gemaldegalerie), Arnold Böcklin, L'ile des morts (Berlin, Alte Nationalgalerie).


Mise à jour du 14 mars 2014 : Le projet s'enrichit de jour en jour, s'appelle plutôt Google Institut Culturel et se trouve à cette adresse.

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