mercredi 17 janvier 2007

Les fantômes de Chardin

Dans notre inépuisable série "aime la vie, peins la en rose", après avoir présenté l'apothéose de la guerre, examinons aujourd'hui "La bonne éducation", de Jean-Baptiste Chardin.

Une reproduction en couleurs semble correcte. On la retrouve sur plusieurs sites de vente de copies de tableaux qui précisent, dans un français approximatif, "Cette présentation est sans effet sur la qualité finale de la reproduction qui sont réalisées à partir des photographies des oeuvres originales, issues des musées ou d'agences de photographes."
Nous voilà rassurés. L'ambiance y est chaleureuse ; le rouge et le roux dominent.

Lors de la rétrospective Chardin du Grand palais, à Paris en 1979, j'avais été particulièrement impressionné par ce tableau. Il détonnait parmi les autres Chardin. Il se distinguait par sa coloration glacée un peu funèbre et par une lumière fantomatique et molle.
Un Chardin au pays des spectres.
J'avais noté dans la marge du catalogue, où il est reproduit en noir et blanc : "robes bleu pâle, fond brun-vert, lumière floue blanchâtre". Je ne l'ai jamais revu depuis. J'ai tenté de reconstituer ici mes notes et le halo livide de mon souvenir.

J'entends déjà : "un souvenir de bientôt 30 ans est-il fiable?"
Non, probablement pas. Mais cette vision roussâtre, où il ne manque qu'un feu de cheminée douillet dans un coin, pour finir en fac-similé moralisateur, noyé dans un cadre prétentieux, parmi les bibelots d'un salon kitsch...!

Chardin a peint deux fois ce tableau, en 1749 et 1753. Provenant d'une collection suédoise (Wanås), l'exemplaire exposé à Paris en 1979 était dans le commerce de l'art en 1983 et on ne sait pas ce qu'est devenu l'autre.
Je le reverrai peut-être un jour. J'irai alors avec un nuancier.

2 commentaires :

christian moncelet a dit…

Très intéressant.
La comparaison des deux tableaux me plaît bien. Je ne connaissais pas cette version blafarde, comme une affiche restée trop exposée à la lumière et dont seuls les bleus demeurent...
Où trouve-t-on cette photo ?

Merci

Costar a dit…

Hélas, comme je le dis dans la chronique, les seules reproductions disponibles sont à dominante brune, ce qui ne rend pas justice au côté étrange, bleuâtre et blafard du tableau (en tous cas la version suédoise qui était exposée à la rétrospective de 1979 au Grand palais). Et comme le catalogue de l'exposition le reproduit seulement en noir et blanc, je me suis permis de le colorer en respectant mes souvenirs et mes notes personnelles. Depuis, je rêve de revoir ce tableau pour m'assurer que ce n'est pas ma mémoire défaillante qui l'aurait transformé en fantôme, et qu'il est réellement ainsi.
Pour résumer, vous ne trouverez pas d'autre image de cette version blafarde que sur mon blog. Vous pouvez évidemment la télécharger sans condition. Si un jour vous voyez l'original vous pourrez me dire si ma mémoire était fidèle, ou non.