La vie des cimetières (14)
Les enfants sont régulièrement utilisés dans la statuaire du pathétique. Perdus parmi les tombes, ils suscitent l'émotion du passant qui s'apitoie sur l'injustice de leur destinée, abandonnés si tôt ou frappés sans discernement. Mais la statue présentée aujourd'hui, qui provient d'une galerie du cimetière monumental de Milan, fait exception. Elle évite les ficelles de la dramaturgie primaire.
Une enfant aux pieds nus, assise sur une sorte de tronc d'arbre, montre d'un geste du bras le vaste ciel de mosaïque étoilé qui les entoure à une poupée aux formes sommaires posée sur ses genoux, et semble désigner particulièrement deux étoiles rapprochées et isolées.
L'inscription sur la tombe (visible ici partiellement) désigne deux personnes proches, peut-être frère et sœur. Le visage de l'enfant n'est pas idéalisé comme pour une allégorie, il a le réalisme d'un portrait. Elle est calme, presque souriante.
L'interprétation la plus évidente serait qu'elle rejoue avec sa poupée, à sa manière enfantine et un peu théâtrale, l'enseignement des fictions que les parents lui ont inculquées «Ne sois pas triste, les morts ne meurent pas. Leurs âmes sont réunies et resplendissent éternellement au ciel, en haut à gauche».
En dépit de son étrangeté, cette scène jouée dirait finalement, d'une façon plus originale, la même chose qu'une bonne part de la statuaire des cimetières.
Mais cette interprétation est peut-être fausse.
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