Le gros pétard de David
Il faut l'admettre, Michel-Ange était un artiste immense, un gros travailleur qui imaginait des ouvrages toujours plus impressionnants. Et un art monumental ne se fait pas sans des imprécisions et des erreurs dues à l'empressement. Michel-Ange n'en fut pas exempt. Il n'est qu'à examiner les proportions exagérées, les corps déformés des personnages androgynes qui peuplent le plafond de la chapelle Sixtine au Vatican, ou son gigantesque David sculpté de 5 mètres, mal proportionné, ses grandes mains simiesques, son évidente macrocéphalie, ses traits grossiers et son petit sexe si finement ciselé, avec amour.
Et pourtant l'Italie considère le David, cette effigie martiale et sans grâce, comme un des symboles de la nation, au point d'avoir parsemé Florence de copies colossales. Et bien qu'elle ne se soit jamais opposée aux usages les moins raffinés de ses icônes nationales, elle vient, prise d'une poussée soudaine de vertu outragée, de réagir violemment à la vue d'une affiche publicitaire américaine qui vante un énorme fusil ultramoderne en le plaçant dans les bras dudit David, par un médiocre trucage photographique.
La presse, qui ne s'embarrasse pas à vérifier ce qu'elle retransmet, serine en chœur les propos offensés du ministre italien de la culture et du directeur (qui se nomme Angelo Tartuferie) du musée de l'Académie qui héberge à Florence l'original du monument insulté. Et tous de répéter que l'utilisation publicitaire de l'image du David doit faire l'objet d'une autorisation de l'État italien assortie du paiement de droits de reproduction, et que ce détournement de mauvais gout est illégal.
On lit aussi dans les journaux italiens que « la violence exercée sur la sculpture est pire qu'une attaque au marteau ... et il faut réclamer à la société américaine un milliard de dollars qui serviraient à restaurer Pompéi. »
Cinéma et hypocrisie que tout cela. Le droit de la propriété intellectuelle italien, qui semble, à la lecture des commentaires italiens, assez proche du droit français, ne pourra rien contre l'utilisation, même douteuse, d'une œuvre qui a toujours été dans le domaine public. Et y aurait-il manipulation d'une photographie soumise à droits d'auteur (puisque les photos sont interdites - bien vainement - dans le musée) que les italiens auraient du mal à obtenir réparation dans un litige international contre une entreprise américaine, pour une simple citation parodique.
Alors à défaut d'argument juridique l'Italie peut toujours déclarer la guerre aux États-Unis. Le prétexte ne serait pas moins sérieux que pour nombre d'autres conflits et elle aurait sans doute des chances de gagner, David (ou Daoud) n'a-t-il pas vaincu le géant Goliath et sauvé les tribus hébraïques de l'hostilité des philistins, dans les mythologies biblique et coranique ? Il conviendra cependant, comme dans l'astucieuse publicité incriminée, de remplacer les frondes archaïques par des fusils mitrailleurs.
Quant à l’emblème bafoué de la nation, et s'il faut absolument contenter les amateurs d'anatomie masculine, il se trouve à Florence, à 400 mètres de la statue de Michel-Ange, au bout d'une allée du Musée d'archéologie de la ville, une sculpture romaine au lignes raffinées et au geste pacifique, l'Idolino di Pesaro, éphèbe porte lampe (l'original grec tendait une grappe de raisin), qui remplacerait avantageusement l'idole déchue.
Ou encore, 900 mètres plus au sud, la merveille du musée Bargello, le David sculpté par Donatello 70 ans avant celui de Michel-Ange. Mais les détails sensuels et la pose ambigüe de cet adolescent efféminé l'éloigneraient certainement un peu de l'idéal fade et inexpressif de Monsieur Tartuferie.
Et pourtant l'Italie considère le David, cette effigie martiale et sans grâce, comme un des symboles de la nation, au point d'avoir parsemé Florence de copies colossales. Et bien qu'elle ne se soit jamais opposée aux usages les moins raffinés de ses icônes nationales, elle vient, prise d'une poussée soudaine de vertu outragée, de réagir violemment à la vue d'une affiche publicitaire américaine qui vante un énorme fusil ultramoderne en le plaçant dans les bras dudit David, par un médiocre trucage photographique.
La presse, qui ne s'embarrasse pas à vérifier ce qu'elle retransmet, serine en chœur les propos offensés du ministre italien de la culture et du directeur (qui se nomme Angelo Tartuferie) du musée de l'Académie qui héberge à Florence l'original du monument insulté. Et tous de répéter que l'utilisation publicitaire de l'image du David doit faire l'objet d'une autorisation de l'État italien assortie du paiement de droits de reproduction, et que ce détournement de mauvais gout est illégal.
On lit aussi dans les journaux italiens que « la violence exercée sur la sculpture est pire qu'une attaque au marteau ... et il faut réclamer à la société américaine un milliard de dollars qui serviraient à restaurer Pompéi. »
Cinéma et hypocrisie que tout cela. Le droit de la propriété intellectuelle italien, qui semble, à la lecture des commentaires italiens, assez proche du droit français, ne pourra rien contre l'utilisation, même douteuse, d'une œuvre qui a toujours été dans le domaine public. Et y aurait-il manipulation d'une photographie soumise à droits d'auteur (puisque les photos sont interdites - bien vainement - dans le musée) que les italiens auraient du mal à obtenir réparation dans un litige international contre une entreprise américaine, pour une simple citation parodique.
Alors à défaut d'argument juridique l'Italie peut toujours déclarer la guerre aux États-Unis. Le prétexte ne serait pas moins sérieux que pour nombre d'autres conflits et elle aurait sans doute des chances de gagner, David (ou Daoud) n'a-t-il pas vaincu le géant Goliath et sauvé les tribus hébraïques de l'hostilité des philistins, dans les mythologies biblique et coranique ? Il conviendra cependant, comme dans l'astucieuse publicité incriminée, de remplacer les frondes archaïques par des fusils mitrailleurs.
Quant à l’emblème bafoué de la nation, et s'il faut absolument contenter les amateurs d'anatomie masculine, il se trouve à Florence, à 400 mètres de la statue de Michel-Ange, au bout d'une allée du Musée d'archéologie de la ville, une sculpture romaine au lignes raffinées et au geste pacifique, l'Idolino di Pesaro, éphèbe porte lampe (l'original grec tendait une grappe de raisin), qui remplacerait avantageusement l'idole déchue.
Ou encore, 900 mètres plus au sud, la merveille du musée Bargello, le David sculpté par Donatello 70 ans avant celui de Michel-Ange. Mais les détails sensuels et la pose ambigüe de cet adolescent efféminé l'éloigneraient certainement un peu de l'idéal fade et inexpressif de Monsieur Tartuferie.
1 commentaire :
Ah ah ! le regard ému de la demoiselle qui caresse depuis 18 mois les fesses de l'éphèbe ! très bonne vidéo !
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