dimanche 15 mars 2020

Le jour où la Terre s’arrêta (flash-info)


Pas d’affolement, ça n’est qu’une image, la Terre tourne encore, mais une grande part des activités humaines a soudainement cessé, comme dans le film, louable mais tellement mal réalisé, de Robert Wise en 1951.
Depuis le 13 ou le 14 mars 2020, tous les musées du monde sont fermés (1), sans date de réouverture, à cause d’un petit animal mesquin mangeur de fourmis et en voie d’extinction que l'homme transforme en bottes, en escalopes et en produits cosmétiques (2).

Raphaël Sanzio, peintre officiel des papes de la Renaissance, qu’on disait au 19ème siècle le plus grand de tous les temps et qu’on juge aujourd’hui bien mièvre, a été le premier artiste à faire les frais de cette vengeance du pangolin.
L’énorme rétrospective que Rome consacrait au cinq-centenaire de sa mort a été interrompue, sans doute définitivement, après trois jours seulement (3).

C’est le moment d’aller se promener dans l’immense parc et les jardins du château de Versailles. Vraisemblablement désertés, ils restent ouverts pendant l’épidémie, contrairement au château, et sont peut-être même gratuits tous les jours (4). La période de protection hivernale des marbres n’est pas terminée et les statues voilées y promènent sans doute encore leur silhouette fantomatique.

Et n’en parlez pas à vos voisins, histoire de ne pas créer une affluence virale exponentielle qui deviendrait rapidement coupable.

Mise à jour le 17.03.2020 à 7h30 : Mais le bonheur est éphémère. L'ensemble du domaine de Versailles vient d'être fermé, et le site internet rouvert. À Londres la National Gallery reste ouverte mais les expositions prévues pour attirer beaucoup de public sont reportées.
Mise à jour le 18.03.2020 à 8h30 : À Londres la National Gallery vient de fermer, comme le British Museum et les autres musées et spectacles.

***
(1) Sauf les musées anglais. La National Gallery de Londres, le 15 mars à 15 heures, est encore ouverte et l'affirme fièrement. 
(2) Après la chauve-souris ou le serpent, c’est maintenant le pangolin qui serait peut-être le vecteur du virus SARS‑CoV‑2 responsable de l’épidémie Covid-19. 
(3) Raphaël était mort à 37 ans à Rome, d’un organisme microscopique déjà, probablement le paludisme. 
(4) À vérifier sur place. L’entrée n’est gratuite en principe que les lundis, mercredis et jeudis, et le site internet du château est actuellement dans les choux.

3 commentaires :

Le Professore a dit…

enfin un tableau réaliste !

Anonyme a dit…

Cher Costar (comme disent en chœur, Lang, Fillon, les contribuables et le Canard confinés), craignant qu’en ce 18 mars, le parc du château de Versailles soit désormais fermé — sauf aux visiteurs «collabos» munis ou non du laisser-aller gouvernemental — le surprenant, énigmatique et in fine inquiétant tableau illustrant votre billet sera d’un grand réconfort pour les internautes «virés» des rues, des jardins et des foules.
Je suggère de compléter cette vue cavalière par la lecture d’un opuscule écrit le 19 juillet 1689 (à six heures du soir) par un certain Louis-Dieudonné Xiv (ou Xive pour les télétravailleurs laborieux des quartiers émotifs) un danseur et musicien (qui eut aussi quelques responsabilités municipales ou régionales, je crois) né en 1635 et mort en 1715. Ce gars-là devait bien connaitre le château et le parc de Versailles, à croire qu’il en était locataire ou employé (jardinier peut-être ?) ou guide touristique à ses heures perdues.
L’ouvrage s’intitule «Manière de montrer les jardins de Versailles» et a été réédité en 1999, aux éditions Mercure de France. Il est de plus accompagné dans cette parution par deux autres livrets : «Relation de la fête de Versailles» par André Félibien et «La promenade de Versailles» par Madeleine de Scudéry.
Malheureusement, ce bon Louis ne mentionne pas la statuaire voilée (ou phallique pour les uns ou aspergeölidale printanière pour les autres) si étonnamment reproduite dans votre allégorie quantique et picturale.
Désolé pour ce long et sans doute prétentieux commentaire.
Bien à vous.
Martin-Lothar

Costar a dit…

Tiens, vous ici ! Le confinement a du bon.
On trouve effectivement le texte du petit Ludwig en suivant ce lien.
Je serai direct, même traduit en nouveau françois, l'auteur ne brille pas par son style, et le parc a probablement changé depuis trois siècles, même si le site du château prétend qu'on peut encore emprunter aujourd'hui les itinéraires royaux (au pluriel car il y aurait eu 7 versions de l'itinéraire, dont une manuscrite reproduite sur Gallica).
De toute manière, comme vous le dites, ma photo était prémonitoire, et le parc restera désert certainement pour longtemps.