samedi 7 mars 2020

Thyssen, une collection sidérurgique

Quelques détails parmi les plus beaux portraits de la collection Thyssen-Bornemisza. Dans le sens de la lecture : Van Eyck, Schiele, Baldung Grien, Aertgen de Leyde, Juan de Flandes, Titien, Rembrandt, Van Dyck, Nicolas Maes.


En ces temps où un bête virus, dont on prétend même que ça n’est pas un être vivant, a décidé qu’il était temps d’infléchir un peu la courbe démesurée de la population humaine, et où les gouvernements conseillent d’éviter les lieux trop publics, il est bon d’avoir en réserve quelque musée lointain dont la visite à distance, sur internet, est organisée pour le plaisir et le confort du voyageur immobile.
C’est exactement le cas du site du musée national de la fondation Thyssen-Bornemisza, à Madrid.

C’était la collection privée de la famille Thyssen, financée au long du 20ème siècle par les bénéfices extravagants de l’industrie sidérurgique, de l’armement et du financement de l’Allemagne nazie, jusqu’à la sinistre nuit du pogrom du Reich, le 9 novembre 1938, où la famille fuit l’Allemagne pour être dénoncée par le gouvernement de Vichy en juin 1940.

La collection se reconstitua après la guerre, avec l’empire industriel, et le nombre de tableaux épousant la courbe des profits, il advint que l’immense villa suisse au bord du lac de Lugano ne suffit plus. Ils envahissaient les annexes, les dépendances, les garages.
Le baron Thyssen céda alors 575 tableaux (sur 1600) au pays natal de sa cinquième épouse, Carmen, miss Espagne 1961 et ex-femme de Tarzan, contre 338 millions de dollars et quelques conditions autour d’une fondation, en 1993. Ce fut le musée national Thyssen-Bornemisza, situé en face du musée du Prado, à 100 mètres.

La baronne, qui avait attrapé l'addiction du baron, était également devenue collectionneuse pathologique, mais attirée vers d’autres écoles de peinture, et l’est restée après la mort de son mari en 2002.
Tourmentée par le manque de résidences où les exposer, et par des contraintes financières et fiscales plus prosaïques, elle prête aujourd’hui en permanence plusieurs centaines d’œuvres supplémentaires au musée Thyssen, dont beaucoup de toiles du 19ème siècle américain, et réserve sa copieuse collection de peintres espagnols à des musées Carmen-Thyssen-Bornemisza qu’elle a créés à Málaga, à Andorre et à Sant Feliu de Guíxols, ou au musée national d’art de Catalogne, à Barcelone.
Bienfaitrice des Arts et du royaume d’Espagne, elle ne compte plus les honneurs, les croix, les médailles, les prix, diplômes et récompenses, qui justifieraient certainement la création d’un musée qui leur serait consacré.

À Madrid, presque tous les siècles et les écoles de la peinture occidentale sont présents, les chefs d’œuvre et les grands noms pullulent. Tous, y compris les plus modernes, sont visibles sur le site en haute définition (2500 à 5000 pixels) et téléchargeables, et certains sont affichables dans le mode vertigineux dit Gigapixel, si bien qu’une mouche qui aurait choisi de ne pas faire le voyage à Madrid pour voir les originaux aurait tout de même l’impression d’y être en se posant sur votre écran d’ordinateur.
L’ergonomie du site, en anglais et en espagnol, est parfaite.

Mise à jour le 12.06.2020 : La baronne qui a décidément beaucoup de frais annexes, peu de parole et des avocats bien rémunérés, vient d'obtenir du gouvernement espagnol le retrait de 4 tableaux majeurs de la collection qu'elle prête au musée (moyennant arrangement fiscal) et l'autorisation de les exporter et les vendre. Ces 4 chefs-d'œuvre renommés de Gauguin, Degas, Monet et Edward Hopper lui apporteront certainement plus de cent millions de dollars d'argent de poche, voire le double ou le triple.

Quelques détails de scènes d'intérieur dans la collection Thyssen-Bornemisza, Willem Kalf, Jan de Beer, Jacobus Vrel. 
 
Quelques détails de paysages dans la collection Thyssen-Bornemisza, De Stael, Bricher, Church, James Hart. 

3 commentaires :

Anonyme a dit…

Je me demandais ce que j'allais faire cette nuit. Eh bien, ça y est, j'ai trouvé ! Super, merci !
pi

Costar a dit…

Vous remarquerez peut-être que les images téléchargeables à l'aide du bouton "Download image" (avec la procédure de validation qui suit où vous vous engagez à ne pas être malhonnête) sont d'une définition un peu plus faible (10 à 15% au moins) que les mêmes quand elles sont affichées en cliquant sur l'image du tableau (ou sur la loupe qui l'accompagne) puis en zoomant.
Eh bien j'ai trouvé le moyen de télécharger cette dernière image à la place de l'image proposée par l'application.
Voici la procédure avec le navigateur Firefox (ça ne marche pas sur Chrome ni sur Safari) :
1. Affichez donc cette image zoomable,
2. Le téléchargement en est protégé par l'inhibition de la fonction "clic droit", mais en appuyant en même temps sur la touche Majuscule, l'inhibition est inhibée et le menu contextuel apparait avec la fonction "Afficher l'image".
3. Affichez donc l'image, elle apparaitra (peut-être sur une nouvelle fenêtre) aux dimensions maximales.
4. Il suffit alors d'enregistrer cette image.

La procédure ne marche hélas pas sur les images affichées en Gigapixels.

Bon voyage !

Anonyme a dit…

Merci pour le tuyau ! :-)
pi