mardi 14 avril 2020

Histoire sans paroles (36)

Nombre de penseurs de tous les temps, et même des mathématiciens contemporains, ont affirmé, dans l’esprit de Platon, que la mathématique n’est pas une création du cerveau humain comme l’est le langage, destiné à simplifier et transmettre sa vision du monde, mais qu’elle préexiste, comme une entité abstraite, avec ses règles, ses formes et sa logique, comme la lumière, le feu ou les nuages, et que l’humain la découvre par une sorte d’opération magique et l’utilise alors comme outil pour comprendre le monde.
C'est vrai, pourquoi faire simple et évident alors qu’on peut faire complexe et invérifiable ?
Cela rappelle la célèbre démonstration faite par un prédicateur américain sur la banane, qu’il affirmait conçue par une intelligence créatrice nécessairement supérieure à l’humain, et dont ce dernier aurait compris le fonctionnement en constatant, parmi d’autres caractéristiques miraculeuses, que sa forme coïncidait exactement à la conformation des phalanges de la main pour une préhension idéale (*). 
Il faut admettre avec ces adeptes du surnaturel, que si la ligne droite tangente à un cercle (notre illustration, la Creuse à la croix de Laumay) ne respectait pas les règles de base prescrites par la géométrie, elle pourrait bien toucher ce cercle en plus d’un point, et entrainer ainsi des catastrophes ferroviaires certainement dommageables.
Comme l'écrivait Galilée en substance en 1623 dans Il Saggiatore (Le Trébuchet), « l’univers est écrit en langage mathématique, ses caractères sont des figures géométriques, et tenter de le comprendre sans connaitre ce langage serait une vaine errance dans un sombre labyrinthe. »

(*) Lire également dans ce même blog sur un sujet très voisin : Pourquoi les tortues ne sont pas cubiques.

2 commentaires :

Anonyme a dit…

"Que la nature est prévoyante ! Elle fait pousser les pommes en Normandie sachant que les indigènes de cette province ne boivent que du cidre." (Henry Monnier, 1799-1877)

pi

Costar a dit…

Une dame déclarait un jour au peintre Whistler «Je rentrai de Londres ce matin, en longeant la Tamise. Il y avait dans l’atmosphère une brume délicieuse qui m’a rappelé quelques-uns de vos tableaux».
Le peintre répondit: «Oui, petit à petit la nature y vient»...

(cité dans F.X. Testu, Le bouquin des méchancetés et autres traits d'esprit)