dimanche 28 avril 2024

Histoire sans paroles (51)


On reprochera peut-être au photographe de s’être préoccupé d’une plaque d’égout et des traces d’une sortie de garage, alors qu’il avait à 50 mètres un point de vue sur la façade occidentale de la cathédrale Saint-Maurice, à Angers.
C’était peut-être volontaire, elle est à moitié dans les cartons depuis si longtemps - ici en octobre 2022.

Pour résumer la situation - n’oublions pas qu’on est dans une Histoire sans paroles - il y avait dans le temps un porche, une vaste galerie qui prolongeait la nef de la cathédrale, un narthex, un caquetoire, voire une galilée disent les vrais spécialistes en désaccord avec Monsieur Larousse sur le genre de la chose. De style vaguement gothique construite à la Renaissance elle protégeait un épisode de l’Apocalypse de Jean, sculpté autour du tympan du portail et peint de diverses couleurs dont certaines du 12ème siècle. Très dégradée la galerie avait été détruite en 1806, offrant l’Apocalypse aux intempéries. Cependant les sculptures avaient été recouvertes d’un badigeon de chaux protecteur, qui s’encrassait depuis deux siècles.
Un jour quelque décideur s’intéressa au portail. C’était, voilà une quinzaine d’années, le début d’une longue période d’analyses et d’expertises. Il fut décidé de restaurer le portail et ses sculptures et de les protéger temporairement dans un coffre de planches en attendant l’édification d’une solution architecturale moderne, œuvre d’un célèbre architecte japonais choisi par le ministère de la Culture. 
L’ambitieux projet a pris naturellement un retard pour l’instant modeste. L’inauguration de la nouvelle galerie envisagée vers l'été 2024 se ferait plutôt vers la fin 2025. 

Le photographe pourra alors immortaliser cette façade occidentale occultée depuis 15 ans, embellie par un geste architectural contemporain, où l’artiste japonais dit avoir respecté les proportions du nombre d’or, ce qui, comme tout placebo, ne peut pas faire de mal, et où il affirme, contredisant avec bonne humeur un architecte inquiet et un peu trop minutieux assistant à sa conférence, que la lumière du soleil des soirs d’été ne touchera jamais de ses néfastes rayons directs les sculptures aux couleurs ressuscitées.

2 commentaires :

GJG a dit…

Je le trouve un peu « discordant » ce nouveau porche (ou caquetoire* ou dernier salon où l’on cause) ; nippon ni mauvais certes, mais un peu trop « meringué » à mon goût.
Cela étant, le mur et l’égout de la photo me foutent plus la trouille que l’apocalypse censée être protégée par le nouvel ouvrage. D’autant plus que ce serait l’entrée (ou la sortie) à jamais étroite d’un garage, d’un parking qui pourrait être souterrain (c’est une de mes plus grandes angoisses d’automobiliste.)

* Merci pour ce nouveau mot.

GJG (catabasophobe viscéral)

Costar a dit…

Si l'on croit les rares dictionnaires qui connaissent votre phobie, elle s'exprimerait plutôt à l'encontre de la marche ; ceci dit il faudra bien descendre à pied au fond du parking pour rejoindre votre voiture, surtout si vous êtes aussi ascensumophobe.

Quant à la meringue, je trouve également le geste architectural japonais assez déplacé, mais ça ne devrait pas trop défigurer la façade dont le reste hétéroclite relève déjà d'une harmonie douteuse.