Ça n'est pas faux. Honoré par les grandes institutions de la nation, médaillé, couvert de prix,
Henri Martin a tapissé durant près de 60 ans des hectares de murs de mairies et de bâtiments publics avec d'immenses et édifiantes
peintures murales, à la manière néo-impressionniste.

Il a été affecté par toutes les maladies en «.
..isme» de son temps, du romantisme à l'académisme, ponctuées de fortes poussées d'infantilisme (symbolisme, spiritualisme,
mysticisme rose-croix et autres philosophies pour
boyscouts).
Alors naturellement, vers la fin des années 1880, comme nombre d'autres peintres de l'époque (Gauguin, Van Gogh, Segantini...), il attrapait le virus du divisionnisme (ou
pointillisme), propagé par Seurat et Signac. Et il n'en guérit jamais. Pendant plus de 50 ans, toutes ses
œuvres, des grandes
machines officielles aux croquis les plus
intimes, seront faites de taches colorées juxtaposées.
On comprend pourquoi Degas lui en voulait. Il avait transformé en un style compassé, théâtral, presque académique, une manière de peindre qui était née de la liberté et du refus des conventions et des compromissions. Et trahison ultime, il en vivait royalement. Au point qu'il acheta en 1900 une maison dans le Lot, près de Cahors (suivie de deux autres à Saint Cirq-Lapopie et Collioure), où il se retira presque de toute vie mondaine pour peindre des séries de paysages colorés, calmes et confortables, pendant encore 40 ans.


Ce sont ces paysages sereins, modestes et silencieux qui font la part la plus belle de l'exposition consacrée à Henri Martin, actuellement à
Douai, pour trois semaines encore. Allez-y sans hésiter, il y a toujours des places de parking disponibles au
musée de la Chartreuse.