Affichage des articles dont le libellé est Pharmacie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Pharmacie. Afficher tous les articles

jeudi 18 juillet 2024

Ce monde est disparu (14)

Survol
Attention : les liens précédés du signe⚡️sont horribles et radioactifs
Illustration : "Radium"⚡️dessin original de Lee Elias pour la couverture du⚡️magazine Black Cat Mystery #50 en 1954.

Lee Elias, dessinateur de comics (bandes dessinées) très moyen et conventionnel, était cependant assez inspiré quand il illustrait des couvertures de magazine. Son dessin n’en était pas meilleur mais il savait l'animer de contrastes percutants et d’inventions qui les rendaient attractives, voire choquantes, ce qui est l’objectif commercial d’une bonne couverture. 
On se dispute régulièrement ses dessins originaux chez Heritage Auction, maison d’enchères américaine d’objets de collection, et il viennent d’atteindre des sommets le 21 juin 2024, avec 66 000$ pour le dessin de couverture de⚡️Tomb of Terror #5 de 1952, et 840 000$ pour celui de⚡️Black Cat Mystery #50
Pour mémoire les couvertures d’album de Tintin par Hergé, plus édulcorées, et graal des collectionneurs, se monnayent autour d’un million de dollars, et une page de garde de 1937 s’est vendue 2,9M$ en 2014. 

Pour aller plus loin : Aimons le radium, quelques repères historiques. 
En 1898 Marie et Pierre Curie découvrent deux éléments inconnus qu’ils appellent le radium, parce qu’il était vraiment très radioactif, et le polonium parce que Marie était d’origine polonaise. Ils les manipulent sans retenue et remarquent que le radium peut soigner des affections cutanées et même certaines tumeurs. Ils inventent en 1901 avec Becquerel la radiumthérapie ou Curiethérapie. Malgré l’alarme d’Edison qui perd son assistant en 1904 et abandonne les recherches dans le domaine, et les avertissements de nombreux scientifiques, l’industrie enthousiasmée met alors du radium⚡️partoutLes horlogers colorent aiguilles et chiffres des réveils qui brillent dans le noir, les pharmaciens en truffent pansements, pommades et potions, le miraculeux radium s’applique, se respire, se boit, s'avale, on fume des cigarettes au radium, on se maquille au radium, on couvre les enfants d'une petite laine au radium. Cela dit le radium était si rare et cher qu’on peut soupçonner que tous ces produits, comme les médicaments homéopathiques, ne contenaient pas le moindre atome de substance active (sauf dans l'horlogerie, sans quoi ça n'aurait pas fonctionné, et qui fut d'ailleurs confrontée à des maladies professionnelles en corrélation).
Marie Curie devra à ses découvertes deux prix Nobel et une Leucémie carabinée. C’est en 1934 seulement, année de sa mort, que l’exposition à la radioactivité sera réglementée en France.
 
Mise à jour le 19.07.2024 : preuve des bienfaits de la radioactivité, on apprend de la chaine "La tronche en biais", que pour contrecarrer le traffic croissant de cornes de rhinocéros vers l’Asie (la médecine traditionnelle chinoise leur attribue des propriétés fantasmées), et la disparition de l'espèce, les scientifiques sud-africains envisagent - et ont commencé à le pratiquer - d’inoculer un produit radioactif, inoffensif pour la bête disent-ils, dans la corne des rhinocéros, et qui empoisonnerait sournoisement les consommateurs de poudre de corne. Mais peut-être n'est-ce qu'une intoxication de l'information, une mise en scène pour dissuader les trafiquants. Merveilleux, n’est-il pas ? 

lundi 27 mai 2024

Avida Dollars (2 de 2)

Le pharmacien d’Ampurdan ne cherchant absolument rien (52x36cm), peint par Dalí en 1936, actuellement au musée Folkwang d’Essen. On ne trouve quasiment pas de bonne reproduction des tableaux de Dalí sur internet, même sur les sites des musées étasuniens qui les montrent, droits d’auteur obligent, au format d'un timbre postal. 
Autres vues médiocres du même Pharmacien : à la fondation Gala-Salvador Dalí, au musée Folkwang, ou sur Flickr (Mazières).

Durant plusieurs décennies Salvador Dalí, bouffon loquace et farceur, a diverti les médias, ce qui fit sa popularité, mais il a aussi beaucoup créé, peintures, illustrations, décors, sculptures, scénarios, textes. 

Parmi quantité de poudings académiques, de bondieuseries grandiloquentes, de portraits ennuyeux d’aristocrates et d'inspirations scientistes, on déniche néanmoins de belles inventions.


On oublie trop souvent, pour faire son marché dans cet œuvre hétéroclite, le remarquable site de la fondation Gala-Salvador Dalí, site du théâtre-musée Dalí de Figueras et surtout de son catalogue raisonné de plus de 1000 peintures et d’une partie des sculptures.


Classé par une ligne chronologique d’une commodité exemplaire, en haut de page, on peut aussi y chercher des œuvres par mot-clef dans 5 langues dont le chinois, ou consulter le douteux index par musées ou collections. On y apprend que le musée de Fukushima possède 12 Dalí et que le centre Pompidou de Paris n’en a qu’un seul, ce qui est un peu approximatif puisque la recherche du mot-clef Pompidou dans le même catalogue en trouve 7.


Les reproductions y sont très correctes mais petites, agréables pour un survol de l’œuvre mais insuffisantes pour examiner des détails ou la touche du peintre. 

C’est l’éternelle question des droits d’auteurs, si commodes pour l’avidité à dollars des ayants-droit. Selon la législation actuelle il faudra attendre début 2060 pour commencer à découvrir les détails des œuvres. Certains rares musées permettent de zoomer sur leurs Dalí, comme celui de Cleveland pour Le rêve (P267).


Vous n’aurez pas droit ici au florilège habituel d’œuvres distinguées parmi les 1207 numéros du catalogue. La production de Dalí est si disparate que sa plus grande réussite est sans doute que chacun y trouve toujours ce qu’il cherche, comme aux Galeries Lafayette ou à la Samaritaine.



jeudi 13 septembre 2012

Mais où diable était le peintre ?

Examinons une scène dont le point de vue d'origine est aisé à reconstituer, l'étonnant « Enterrement à Nemours », signé Boutet de Monvel, attribué à Bernard B. de Monvel, non daté mais probablement peint vers 1905-1910, à l'huile. Il est exposé au rez-de-chaussée du musée des beaux-arts de Brest, qui se régénère lentement après avoir été totalement détruit par les bombardements de 1945, et l'a acquis en 1975.


La scène se passe donc à Nemours, en plein centre ville, près du Loing.

Le peintre est installé au croisement de la place de la République et de la rue du Prieuré, au rez-de-chaussée, dans ce qui est maintenant une banque mais qui était peut-être alors un café (à droite sur la photo). Il voit par la fenêtre, à sa droite l'entrée de l'église Saint-Jean-Baptiste, où attend le corbillard.
Au fond, sur la rue de Paris, la pharmacie prospère toujours au même emplacement (à gauche). La sellerie et l'ironique Hôtel de la providence ont été remplacés par ces seuls commerces qui disposent maintenant du cœur des villes : une banque, une compagnie d'assurances et une société immobilière. Mais les façades, les fenêtres, jusqu'au portail en arcade et aux chiens-assis de la sellerie n'ont pas changé depuis un siècle.

Dans les années 1905-1910 Bernard Boutet de Monvel et son père Maurice, également peintre et unanimement renommé pour sa Jeanne d'Arc illustrée, étaient ensemble à Nemours.
En 1909 y est peint « Le pensionnat de Nemours », aujourd'hui au musée de Pau. On y voit une procession de jeunes filles en noir suivies d'une sœur en cornette. Le tableau est signé « B. de Monvel 1909 », et attribué à Bernard sur l'étiquette du musée comme dans la base de données nationale Joconde, mais il est attribué au père dans l'encyclopédie Wikipedia qui reprend en cela l'avis du biographe et expert des Boutet de Monvel, S.J. Addade.
Dans l'Enterrement à Nemours, on distingue également derrière le corbillard une procession de jeunes garçons au béret noir suivis d'une femme en cornette. Proche du style du Pensionnat dans sa singularité graphique, sans perspective ni profondeur comme dans une illustration médiévale, le tableau pourrait alors être du pinceau du père, Maurice.

Il n'est pas recensé dans la base Joconde. Toute information sera bienvenue.