Encore un petit vert...

L’horreur et la folie n’ont-elles point de limites ? Un homme conservait depuis plus de quinze ans les cadavres de ses parents dans deux boîtes en chêne elles-mêmes ensevelies à la périphérie de la ville, dans un vaste terrain clos de murs où les enquêteurs ont mis au jour quantité d’autres corps pareillement conditionnés. Plusieurs familles de la région seraient impliquées dans ce scandale.Éric Chevillard, Journal l’autofictif, aphorisme 3355-1, lundi 10 juillet 2017.
Posté par Costar 5 commentaires
Mots clefs : Bretagne , Chevillard , Douarnenez , Invention , Légendes , Lierre , Ploaré , Pluie , Stéthoscope , Vie des cimetières
Il y a bien longtemps, venu à pied de la lointaine Afrique, l’humain était contraint de s’arrêter à la fin de la terre, qu’il appela donc le Finistère. Impossible d’aller plus loin avant d'inventer le bateau.
Et encore, au début, le bateau lui servait surtout à arpenter les alentours, cueillir la sardine et la rapporter à sa veuve - car il périssait souvent en mer - ou à sa fille de 10 ans, qui l'allongeait soigneusement noyée d'huile dans des boites de métal (on parle là de la sardine) et dans des conditions de travail et d’hygiène discutables, et qui périssait donc beaucoup, elle aussi, d'épuisement ou d’épidémies de choléra, de diphtérie et d’autres variétés de ces bactéries taquines qui aiment tant les voyages en bateau.
Heureusement, un riche industriel qui vendait lesdites sardines aux humains qui n’avaient pas osé s’aventurer dans cette région inclémente, pris de remords devant une telle hécatombe, offrit à sa ville un terrain vacant de plus d’un hectare, à Tréboul, pour y établir un cimetière devant la baie de Douarnenez. Geste philanthrope qui l’assurait en même temps d’être un jour enterré face à la mer qui l’avait enrichi - ce qui sera fait 26 ans plus tard - et entretenu par la municipalité reconnaissante jusqu’à la fin des temps.
C'était en 1849. Depuis les sardines ont disparu de la baie mais les restes du prévoyant industriel sont toujours régulièrement honorés.
Évidemment, à la demande du gardien du cimetière qui interdit de photographier les tombes, ou alors, après négociation, en effaçant les noms gravés - sans quoi la mairie serait submergée de procédures judiciaires actionnées par des familles voyant leur nom diffusé sur internet dans une position peu avantageuse - nous ne citerons aucun des noms des locataires des cimetières de Douarnenez, seraient-ils renommés.
Et de toute manière ils seront vite oubliés. Il n’y a déjà plus de sardines, on l'a constaté plus haut, il n’y aura bientôt plus de poisson du tout et la mer viendra, deux fois par jour au commencement, empêcher les accès au cimetière inondé, jusqu’à ce qu’il justifie pleinement son titre si envié de cimetière marin.
Vous avez bien lu "les cimetières de Douarnenez", parce qu’il y en a au moins quatre. En 1945 la ville absorbait les communes de Ploaré (et un cimetière de 2 hectares), Tréboul (1,2 ha), Kerlouarnec (0,5 ha) et Pouldavid (0,4 ha), qui devenaient de modestes quartiers.
Nous évoquons aujourd’hui le plus pittoresque des cimetières, celui de Tréboul. C’est certainement, plus encore que celui de Talmont-sur-Gironde, le lieu où on aimerait que reposent tous les êtres qu’on a aimés, pour son ciel si capricieux, et pour la planéité presque parfaite de son horizon, propriété utile aux photographes qui évitent ainsi ces clichés penchés qui n'inspirent que des haut-le-cœur.
Le voici en 1905 et vers 1920, plus pastoral que marin, puis surveillé par Gougueule en 2016 et en 2019. Entre ces deux photos trois vieux cyprès de Lambert en bord de mer devenus dangereux ont été sciés au ras, et le destin du géant centenaire survivant qui domine la petite plage en contrebas (à gauche) et perd au fil des tempêtes des branches de plus en plus lourdes, est maintenant incertain.
On ne compte plus dit-on les films et les séries mélodramatiques qui ont choisi ce cimetière pour décor. Il ne recèle pourtant pas de curiosités funéraires particulières et on doit s’y sentir à l’étroit, dans moins de 5 mètres carrés par emplacement, mais il offre, de chacune des tombes installées sur sa pente, orientée précisément vers le nord, un panorama photogénique et parfaitement exposé sur la baie de la sardine.
Et pour rester dans le domaine des poissons, parmi ses 2000 tombes est parait-il enterré un curieux poète hydropathe mort à Tréboul et lauréat du premier prix Goncourt, en 1903, pour un roman frénétique et sombre dont on retiendra surtout que certains des personnages souffraient de merlancolie.
À suivre… dans La vie des cimetières (110)
Posté par Costar 2 commentaires
Mots clefs : Bateaux , Cyprès , Douarnenez , Finistère , Lierre , Mer , Merlancolie , Paysage , Poissons , Préhistoire , Sardine , Tréboul , Usine , Vie des cimetières
* Dans un recoin du site Tous mécènes, il est écrit que les entreprises bénéficieraient d’une réduction d’impôt de 60% du montant versé. C'est certainement une erreur, qui dérogerait au Code général des impôts.
Cahier pratique : comment se faire offrir des entrées gratuites au Louvre, et monter éventuellement, si on est extrêmement indélicat, un petit trafic de billets :Dans le document du communiqué de presse (PDF) où il détaille les modalités de donation, le Louvre a peut-être commis une petite libéralité de calcul (qui ne serait pas la première bourde dans sa gestion des entrées au musée).On y lit parmi les exemples de déduction fiscale, qu’un don de 50€ ne nous couterait après remise que 17€, et qu’en plus deux billets d’entrée au musée nous seraient offerts (page 5).Versez aujourd’hui 50€, et 67€ vous seront finalement restitués, sachant que le prix actuel de l'entrée est de 17€, c'est une plus-value de 34% ! (33€ pour les 66% de déduction fiscale, plus 2 billets d’entrée soit 34€). Et votre nom sera inscrit quelque part dans le musée et cloué au "mur des donateurs" sur une page de remerciements du site du Louvre.