De La Tour, la douche de l’automne (1 de 2)
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Mots clefs : Banque , De La Tour , Exposition , Fraude , Gaz de France , Jacquemart-André (musée) , Marketing , Non évènement , Prémonition , Visiteurs
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Mots clefs : Cathédrale , Dessin , Histoire sans paroles , Le Mans , Légendes , Mégalithes , Menhir , Monuments singuliers , Pierre
La décision
À l’exception évidemment de la Joconde, qui ne sera jamais restaurée et conservera définitivement ce teint bilieux au fond de son bocal, par crainte de perdre d’un coup les 20 000 visiteurs par jour (ou 30 000 selon les sources) qui ne viennent que pour l’entrapercevoir sur l’écran de leur téléphone.
Ne parlons pas des grandes machines de Delacroix que le Louvre lessive en série, si mal peints qu’ils devraient être restaurés en permanence.
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Mots clefs : Duplessis , Entretien , Holbein Hans , Internet , Joconde , Lenoir , Louvre , Restauration , Surveillance , Van Eyck , Vermeer , Visiteurs , Watteau
Lubin Baugin, Nature morte aux financiers v.1630, 60cm. En vente chez Vichy-Enchères le 16 aout 2025 à 13h45.
Le cliché de Vichy-Enchères n’étant pas présentable dans un blog sérieux et réputé, les innombrables défauts dans la couche de vernis qui la constellent de petits reflets insupportables ont été estompés dans notre reproduction. De même, les couleurs ont été alignées sur celles du catalogue de la vente (PDF 9p.), plus douces et froides.
Le coin de mur à gauche, le manche du couteau, le pain, donnent l’impression que le panneau peint a été rogné pour s’ajuster à un cadre préexistant ; en page 9 du catalogue, la signature en partie cachée par le cadre n’est plus tronquée.
On apprend, chez Vichy-enchères, dans un copieux dossier bilingue de 30 pages, qu’a été découverte, dans une collection privée de la région, une nature morte jusqu'alors inconnue, la 5ème attribuée avec certitude à Lubin Baugin. C’est un évènement. La Gazette Drouot en imprime même deux pleines pages d’un verbiage débordant des poncifs du genre (réservé aux abonnés, depuis peu !). Il est vrai que la trouvaille est exceptionnelle et mérite l’emphase ; il faut relancer le marché qui depuis des mois s’essouffle.
Le peintre
Né vers 1610 dans une famille de notables marchands près de Pithiviers, peintre fameux en son temps pour ses tableaux et décors religieux peuplés de personnages maniérés à l’anatomie vague et molle, comme d’un Corrège en caoutchouc, Lubin Baugin a été vite oublié. Seules quelques-unes de ses œuvres étaient signées, d’une écriture cursive en lettres minuscules.
Or, lors de la mythique exposition "Les peintres de la réalité" à Paris en 1934, un autre Baugin était révélé, auteur de quatre magnifiques natures mortes classiques et sereines, dont trois signées en capitales ⬪ B A V G I N ⬪, dont deux exposées depuis au Louvre et prisées comme les plus beaux exemples de la nature morte française au 17ème siècle. Elles illustraient naguère encore nos livres de classe (pour des reproductions, indignes du plus grand musée du monde, et qui en revendique des droits d’auteur, voir justement le catalogue en ligne dudit musée. Les plaintes sont à adresser à la direction du musée).
La documentation réunie par les spécialistes a montré depuis que les deux Baugin ne faisaient qu’un, qui avait parfait sa formation à Paris dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés entre 1629 et 1632*, où il avait peint les natures mortes, puis était parti à Rome pour l’habituel pèlerinage du peintre, y était resté 9 ans, et obsédé par Reni, Raphaël et surtout Corrège, n’avait plus peint, jusqu’à sa mort en 1663, que des sujets de dévotion dans une manière affectée.
* Peut-être d’abord auprès de Louise Moillon déjà bien établie à Saint-Germain, dont Baugin peint, dans ce qui est considéré comme son premier tableau connu, la même coupe qu’on trouve dans les cerises de Moillon.
Aujourd'hui le Baugin mièvre et sirupeux pour cours d’instruction religieuse n’a plus la faveur que de rares érudits raffinés, quand le rigoureux et parcimonieux peintre des fragiles vanités quotidiennes est admiré comme "pionnier dans l’émergence de la nature morte française", disent les manuels.
La vente
Certainement convoité, le tableau, estimé entre 200 et 250 000€, vient d'être retiré des "enchères en live" mais pas du catalogue de la vente. Sans en saisir clairement les conséquences, on voit se profiler le scénario du panier de fraises : interdiction d’exportation, préemption par le Louvre, couinements simulés de sa présidente en quête de finances, appel éventuel à l'artifice "Tous mécènes", générosité bien calculée d'un mécène marchand de sacs à main, exposition au Louvre avec toute la publicité triomphante qui convient.
Pour connaitre la suite de cette histoire, il vous faudra revenir sur cette page dans un mois, après le 16 aout, ou début septembre quand les médias se réveilleront. Une mise à jour la résumera peut-être si la destinée de ces friandises qu’on consommait jadis en entremets leur a semblé suffisamment croustillante.
Mise à jour du 18.08.2025 : Rien de ce que nous avions présumé ne s'est produit ; pas de grande bataille d'enchères internationale ; dans la torpeur de ce long weekend caniculaire, à l'heure de la sieste, le panneau est parti contre 440 000€ hors taxe et commission. Réapparaitra-t-il un jour dans un musée ?
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Mots clefs : Baugin , Corrège , Découverte , Enchères , Financiers , Friandises , Louvre , Mise à jour , Moillon (Louise) , Nature morte , Peinture , Suspense
Napoléon 1er sur son lit de mort, huile sur toile de Denzil Ibbetson, vendue 127 000$ (convertis) le 22 juin 2025 chez Osenat à Fontainebleau parmi 173 souvenirs napoléoniens.
[…] Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ?
[…] Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre.
Étienne de La Boétie, Discours de la Servitude volontaire (vers 1550, publié en 1574 après le massacre de la Saint-Barthélémy)*
Denzil Ibbetson était un piètre dessinateur, mais le hasard l'a fait occuper un poste d’intendance dans le convoi de l’armée anglaise qui emportait Napoléon vers sa prison définitive, sur l’ile de Sainte-Hélène, après la bataille de Waterloo. Chargé de l’approvisionnement de l’ile, Ibbetson commençait dès 1815 un journal de notes et de croquis. C’est ainsi qu’il dessina Napoléon le matin de sa mort en 1821. Pressé par la demande il améliora ses esquisses pour finir par cette étonnante huile de 51 centimètres en illustration, épurée comme une caricature (gravée par Gibbs en 1855).
Napoléon y parait bouffi et le cheveu rare collé par la sueur. Les masques mortuaires prétendument moulés le surlendemain de la mort ne ressemblent pas à ce témoignage d’ibbetson (excepté peut-être celui du Royal United Service Institute). La polémique est probablement toujours vive sur l'authenticité de ces masques, notamment de l’officiel du Musée de l’armée, comme celles sur la localisation des restes de l’Empereur, ou sur son empoisonnement, qui courent les forums.
C’est dire que malgré la leçon de La Boétie on vénère toujours nos maitres, même éparpillés en morceaux qu’on pourrait croire inoffensifs, soigneusement restaurés, avec un prix sur l’étiquette.
C’est peut-être parce qu’on n’enseigne le Discours de la Servitude volontaire qu’au programme du Bac de français. C’est bien trop tard. Les enfants sont déjà serviles, farcis depuis 10 ou 15 ans des clichés de la télévision, la radio, les réseaux sociaux. Il aurait fallu leur inculquer sa leçon dès la maternelle, comme on le fait avec les absurdités des livres saints.
Allons, relisons encore ce livre damné (qui est gratuit et qui se lit en moins d’une heure si on n’est pas trop découragé par le français du 16ème siècle et les pesants exemples mythologiques) :
On ne regrette jamais ce qu’on n’a jamais-eu. […] La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne. […] Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.
[…]
Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie.
[…]
Il en a toujours été ainsi : cinq ou six ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux-mêmes, ou bien ils ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et les bénéficiaires de ses rapines. […] Ces six en ont sous eux six cents, qu’ils corrompent autant qu’ils ont corrompu le tyran. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six mille, qu’ils élèvent en dignité. Ils leur font donner le gouvernement des provinces ou le maniement des deniers afin de les tenir par leur avidité ou par leur cruauté, afin qu’ils les exercent à point nommé et fassent d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous leur ombre, qu’ils ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à leur protection. Grande est la série de ceux qui les suivent. Et qui voudra en dévider le fil verra que, non pas six mille, mais cent mille et des millions tiennent au tyran par cette chaîne ininterrompue qui les soude et les attache à lui.
En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait.
* Un lectorat fidèle pourrait penser que l’auteur radote. Il a déjà fait un exergue de ce texte de La Boétie en 2012. En effet, et 13 ans plus tard on doit subir des maitres pires encore, et notre monde se détériore toujours plus. C’est bien le signe que personne ne l'a lu.
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Mots clefs : Ce monde est disparu , Despote , Dessin , Discours (de la Servitude volontaire) , Enchères , Ibbetson (Denzil) , La Boétie , Maitre , Masque , Mort , Napoléon , Peinture