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dimanche 7 septembre 2025

Sargent, l’exposition furtive de l’année

Sargent J.S., portrait des 4 filles Boit, Paris 1882. Malheureusement la meilleure reproduction trouvée sur internet, de faible résolution et sans doute remaniée d’après celle encore plus réduite du musée de Boston.


Préambule
Sargent était un peintre pour peintres, de ces peintres admirés et enviés des autres peintres, virtuose comme le furent Hals, Sorolla, Velázquez, Zorn, parce qu’il savait rendre d’un seul geste impulsif, d’un trait définitif du pinceau sur la toile, un effet qu’eux-mêmes, les autres peintres, ne réussissent qu’au prix de dizaines de touches réfléchies et précautionneuses.

***

Une chronique sur l’exposition Georges de La Tour à Paris cet automne se plaignait naguère du peu d’informations données au public sur le contenu précis de ce qu’on l’exhortait à visiter. Par espièglerie nous avions glissé un lien vers le traitement inverse du public, la mise en libre disposition sur internet du contenu détaillé intégral d’une exposition sur Sargent, alors en cours au Metropolitan museum de New York, et qui présentait plus précisément la période parisienne du peintre (sa période de formation - et de quelques chefs-d’œuvre mondains), de 1874 à 1884.

Et comme par hasard, cette exposition débarque à Paris, clefs en main, au musée d’Orsay à partir du 23 septembre 2025 pour 3 mois et demi (9h30-18h, fermé le lundi).   
Et quand on écrit clefs en main, à l’exception du modeste titre "Sargent and Paris" de New York qui devient "John Singer Sargent, Éblouir Paris" en traversant l’Atlantique, Orsay, d’après les descriptions plus que succinctes qu’il en fait, semble n’avoir rien changé à l’exposition originale, ni rien apporté non plus, sinon le prêt d’un tableau.

D’ailleurs Orsay, à deux semaines seulement de l’exposition, s’embarrasse encore moins à nous montrer ce que nous pourrions voir en la visitant que ne l’a fait le musée Jacquemart pour La Tour : dans le chapitre Œuvres de l’exposition dont le pluriel devient inutile, il n’y a qu’une petite reproduction.

Quant au texte de présentation, qui réserve, comme l’exposition, une place de choix au sublime portrait de Madame X, parce qu’il fit à paris en 1884 un microscopique scandale mondain (une bretelle de la robe, rectifiée depuis, était tombée), ce texte pourtant court met en valeur une grossière erreur factuelle, mais "fondée sur un travail de recherche poussé" précise le musée. 
Il affirme que le tableau n’a jamais été exposé à Paris depuis …1884 ! Avec les points de suspension et d’exclamation, car c’est l’évènement de l’exposition. Affirmée par l’expertise d’Orsay, la chose est reprise par les médias, comme la revue Arts in the City (n°94 p.22) qui en fait tonner tambours et sonner buccins : "Et en point d'orgue ? Le retour à Paris de Madame X, prêtée par le Met pour la première fois depuis le jour du scandale. Un face-à-face historique, glaçant et somptueux."

Mensonge délibéré ou banale incompétence ? C’est effarant comme le monde des expositions réécrit systématiquement l’histoire. En vérité ce portrait a été exposé durant plusieurs mois au Grand palais de Paris au printemps 1984, avec deux autres Sargent (voir le catalogue de l’exposition d’alors, "Un nouveau monde" pp.153 & 317, disponible sur eBay).

Ainsi, comme il est hasardeux de se fier au laisser-aller du musée d’Orsay, retournons vers les informations généreuses et abondantes du créateur de l’exposition, le Metropolitan museum (Orsay n’en souffle pas un mot) :

Une vidéo de 22 minutes faite par le Metropolitan (en anglais), superbe par ses beaux détails des principales œuvres, pas pour les commentaires anglais si insignifiants qu'ils pourraient accompagner un documentaire sur un autre peintre, ni pour leur traduction française inexpressive (vidéo néanmoins à déconseiller à qui souhaiterait aller les voir sur place et préserver la fraicheur des découvertes esthétiques, si l’affluence le permet). 

Le texte intégral des commentaires qui accompagnent chaque œuvre (PDF anglais), avec les liens vers la version audio anglaise et sa transcription (aisément traduisible en automatique), le tout illustré !

Enfin l'intégrale de l'exposition en images, avec les liens vers les commentaires de chaque œuvre.

Limitations : Toutes les images de l’exposition n’existent que dans un format très modeste que vous ne pourrez ni agrandir ni télécharger. Sargent est mort il y a exactement 100 ans, et il est partout dans le domaine public, donc reproductible librement sans limitation, même pour le musée américain, qui le reconnait officiellement.
Mais, s’agissant d’un des artistes les plus prisés aux USA, le musée, qui en possède beaucoup, s'est autoproclamé référence sur Sargent, et en profite pour se réserver une exclusivité institutionnelle et commerciale en bridant les reproductions libres de droits, au mépris de ses engagements pour le domaine public. Et il y a fort à parier que le musée d’Orsay, qui a derrière lui un historique de violation du domaine public (rappelez-vous sa tentative pour vendre plus de cartes postales, lire ici et ), en profitera pour prétexter des exigences américaines et interdire la photographie au sein de l’exposition.

Contournements : Les reproductions des chefs-d’œuvre de l’exposition sont souvent disponibles ailleurs en bonne qualité, parfois en très haute résolution, sur les sites des musées prêteurs autres que le Metropolitan. Mais la collecte en est laborieuse, aussi nous vous proposons ci-après quelques belles reproductions des œuvres majeures de l’exposition, au moins celles qui devraient vous encourager à aller les voir sur place. 
N’oubliez pas, comme le sous-entendent les sornettes d’Orsay, que vous ne les reverrez plus avant 2084, quasiment la fin du monde.  

• Fumée d'ambre gris 1880 163cm (Clark Art museum Williamstown)
• Dr Pozzi 1881 202cm (Hammer museum Los Angeles)
• Portraits de M.E.P. et Mlle L.P. 1881 175cm (Des Moines Art Center)
• Louise Lefèvre 1882 130cm (Art Institute Chicago)
• Intérieur vénitien 1882 87cm (Carnegie museum of Art Pittsburg)
• Fin de repas 1884 67cm (San Francisco Fine Arts)
• Anniversaire 1885 74cm (Minneapolis Institute of art)
• Les filles Boit à Paris 1882 222cm (Boston museum of fine arts)
Tableau exceptionnel, très librement inspiré par les Ménines de Velázquez, considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre "définitif", objet de nombreuses vidéos, d’articles détaillés passionnants, des livres lui sont consacrés et pourtant le musée de Boston le reproduit très modestement et aucune très bonne reproduction ne semble exister.  
• Madame X 1884 209cm (Metropolitan museum New York) vignette du musée, reproduction plus détaillée que la vignette
Chef-d’œuvre de jeunesse effectivement, hélas possédé par un musée qui n’en diffuse qu’une vignette, on en trouve quelques reproductions plus détaillées mais jamais fidèles aux couleurs réelles, que le ridicule timbre-poste du Met, lui, respecte.


Ces informations ne sont justes que si toutes ces œuvres traversent l’Atlantique, ce qu’Orsay se garde bien de préciser, puisqu’il ne dévoile pas le contenu de l'exposition. Il écrit cependant qu'elle présente 90 œuvres, ce qui était le cas de celle de New York. Évidemment, comme pour l'exposition De La Tour (dont deux grosses mises à jour pourraient bien modifier votre envie de la visiter), Orsay peut encore se réveiller d’ici l’ouverture et nous faire la charité de quelques informations. En revanche il sait déjà que l'exposition fera l'objet d'une grosse affluence et recommande dès aujourd'hui la réservation d'un horaire de visite. Notons que les amateurs de sculpture sont encore plus mal lotis, le musée, qui organise en parallèle une exposition sur le sculpteur Troubetzkoy en montre encore moins.

dimanche 20 avril 2025

Ce monde est disparu (18)

 

Le Metropolitan Museum of Art de New York a fièrement annoncé qu’il exposait désormais en salle 829 un portrait d’Yvonne Suys à 7 ans, peint par Fernand Khnopff en 1890, acheté* par une fondation étasunienne chez Millon-Belgique le 18 janvier 2024 contre 650 000$, et confié donc récemment au musée en prêt à durée indéterminée.

* cliquer sur "Read more" pour une notice détaillée en français


Un tableau qui disparait aux enchères pour réapparaitre après quelques mois au Metropolitan, ce musée si généreux en belles reproductions, quelle chance, se dit-on. Mais la fondation prêteuse a ses caprices, et le musée a une conception particulièrement floue du droit d’auteur et du domaine public ; un tableau peint après 1880 - la limite est très vague, à 50 ans près en plus ou en moins - ne sera reproduit que par une médiocre vignette, et zoom et téléchargement en seront prohibés.   

Évidemment, la règle nébuleuse s’applique à ce tableau de Khnopff, dont l'huile est pourtant sèche depuis 135 ans (et l’auteur depuis 104 ans).


Heureusement Ce Blog veille et fournit des images de bonne qualité en taille réelle qu’il est conseillé de conserver au frais, ci-dessus avec la photo du modèle et ci-dessous bordée de son beau cadre.


Il va sans dire que vous pouvez choisir d’aller voir l’original, il suffira d’effectuer les 15 000 prochains kilomètres de vos déplacements quotidiens en vélo plutôt qu’en voiture, et économiser ainsi suffisamment de dioxyde de carbone pour vous offrir un aller-retour vers New York en avion.


Note pipole : L’enfant modèle, née dans la haute bourgeoisie, épousera un champion d’escrime issu aussi de la haute bourgeoisie.

Ils exposeront leur riche collection de tableaux dans l’hôtel particulier qu’ils feront construire au cœur de Bruxelles.

Yvonne Suys mourra à 41 ans, 3 ans après son mari.


lundi 25 novembre 2024

Ce monde est disparu (16)

John Koch, Conversation le soir, 1954, esquisse et toile finale.
Vente Sotheby's 20.11.2024, 30k$.

Vous ne connaissez peut-être pas John Koch. On n’entend jamais parler de lui en Europe. L'Encyclopédie en français ne le connait pas. Il a pourtant passé 5 ans à paris.

C’était un peintre américain sans le moindre intérêt pour les mouvements de peinture de son temps (1909-1978). Il gagnait très bien sa vie en réalisant des portraits classiques de familles bourgeoises classiques dans des appartements bourgeois (souvent le sien, une vingtaine de pièces au 10ème étage d’un immeuble prestigieux de Manhattan).  

Chaque objet, sur ses toiles, est soigneusement éclairé, chaque personnage consciencieusement mis en scène, chaque reflet, chaque forme parfaitement placés pour faire joli et accueillant. Bref des tableaux confortables, douillets et sans mystère, ce qu’on aime dans la peinture classique, le plaisir des yeux sans arrière-pensée. 


Le Metropolitan museum de New York possède 5 très beaux Koch, qu’il reproduit à peine, pour raison de copyright, car le pauvre Koch, mort en 1978, devra attendre 2049, voire 2072, pour devenir un peintre incontestable. Pour l’instant il n’est qu’un faiseur de timbres-poste. Il attend discrètement dans les réserves du musée, qui se garde bien de l’exposer.

Heureusement, dans le monde merveilleux du libéralisme économique, l’argent permet de violer n’importe quelle réglementation, et pour allécher le client les salles de vente reproduisent somptueusement les œuvres d’art dans leurs catalogues en ligne (seulement pour une durée limitée avant la vente, bien entendu). 


Koch s'achète surtout chez Sotheby’s à New York (mais aussi Christie's, Bonhams ou Doyle), entre 10 et 30 000$, avec de rares pointes à 300 000$, et un record à presque 700 000$. Ainsi cette belle Conversation nocturne de 1954 en illustration plus haut, accompagnée d’un dessin préparatoire, vient de disparaitre contre 30 000$ (presque autant en euros).


Ci-dessous, quelques reproductions de bonne qualité (illégales encore pendant 25 ans) d’œuvres de Koch passées en ventes publiques dans les 10 à 15 dernières années. Vous noterez que sa peinture, quoique plus subtile, n’est pas si éloignée de celle d’Edward Hopper, mais un Hopper dont la principale préoccupation métaphysique aurait été le choix de la couleur des rideaux. Il faut bien que les gens heureux s’expriment aussi.

 

vendredi 10 mars 2023

Mais où sont les 9 Vermeer manquants ?

37 moins 28 font 9 pour la plupart des calculatrices sur internet, même pour la fameuse "intelligence artificielle ChatGPT"(*) qui pourtant aligne les erreurs monumentales (nous y reviendrons un jour, en attendant regardez cette excellente étude par Defakator)
Or l’exposition à guichet fermé consacrée à Vermeer actuellement à Amsterdam déclare montrer 28 tableaux attribués à Vermeer, sur un total de 37 dit-on. 4 ou 5 d’entre eux, s’ils sont réellement de sa main, ont certainement été peints dans un état que la morale ou la clémence nous empêche de préciser ici, mais acceptons ce nombre magique de 37

Mais alors, où se trouvent les 9 absents ?

Eh bien la réponse est simple, trop simple peut-être ! Ils ne peuvent pas être aujourd’hui dans les salles si convoitées du Rijksmuseum d’Amsterdam parce qu’ils sont actuellement exposés ici-même, dans Ce Glob, en très haute qualité, dans des conditions d’exposition autrement plus agréables, et sans aucun risque d’infection pandémique, sous l’œil d'ailleurs bienveillant de l’Organisation Mondiale de la Santé. 
Et si cette offre exceptionnelle ne suffisait pas, les plus perspicaces auront constaté qu’un Vermeer volé il y a 33 ans dans le musée Isabella-Stewart-Gardner à Boston (avec 12 autres œuvres dont la seule marine de Rembrandt), et jamais retrouvé depuis, est également dans notre exposition. Reconnaissons qu’il n’est pas dans un état très présentable après 33 ans d’occultation dans de douteuses conditions.

Alors parlez-en autour de vous, levez haut votre pouce quand vous vous trouvez en groupe, dans la rue ou les transports en commun, abonnez-vous à Ce Glob en toute confiance, vous n’y trouverez que des exclusivités présentées dans le respect des idées les plus progressistes et des dernières rectifications de l’orthographe.

Liste des tableaux exposés ici et provenance de nos aimables prêteurs (les dimensions des images - autour de 5000 pixels - et leur poids variant de 6 à 12 mégaoctets, certains affichages peuvent être un peu lents) :

1 - Art de la peinture (Vienne Kunst Historisches museum) 10,8Mo
2 - Astrologue (ou Astronome, Louvre) 8,1Mo
3 - Femme assoupie (Metropolitan New York) 8Mo
4 - Leçon de musique (Windsor castle, collection royale) 11,8Mo
5 - Portrait de jeune femme (Metropolitan New York) 5,8Mo
6 - Femme au pichet d'eau ou aiguière (Metropolitan New York) 8,7Mo
7 - 2 hommes et une femme au verre de vin et au sourire niais (HAU museum, Brunswick) 6,6Mo
8 - Joueuse de guitare (Kenwood house, collection royale) 3Mo
9 - Le concert (Mafia bostonienne depuis le 18.03.1990) 1,5Mo






(*) Verbatim d'une conversation tendue avec le robot ChatGPT.
Âmes sensibles, surtout ne lisez pas, vous allez être confrontées à votre propre avenir !

Moi : combien font 37 moins 28 ? 
ChatGPT : 37 moins 28 équivaut à 9
Moi : Merci 
ChatGPT : De rien, n'hésitez pas si vous avez d'autres questions ! 
Moi : Alors je vais me permettre, combien font 28 plus 9 ? 
ChatGPT : 28 plus 9 équivaut à 37. 
Moi : Bravo !
ChatGPT : Merci beaucoup ! N'hésitez pas si vous avez d'autres questions.

samedi 11 février 2023

Autoportraits… et oreillers

On accuse bien vite de narcissisme les peintres qui se sont abandonnés sans retenue à l’autoportrait, Rembrandt, Schiele, Van Gogh, Spilliaert, Dürer… C’est parce qu’on ne tient pas suffisamment compte des conditions de réalisation des œuvres. On nous fait croire que l’artiste reçoit l’inspiration d’un mystérieux souffle intérieur, ou divin. En réalité ce sont principalement les circonstances extérieures, les aléas de leur bonne ou mauvaise fortune qui les déterminent. Le peintre qui souhaite se confronter aux subtilités de l’art du portrait mais n’a pas les moyens de payer des modèles, a toujours sous la main, justement, un modèle disponible, obéissant et gratuit : lui-même.

Illustrons le rôle prépondérant des contingences dans la création artistique par cet exemple célèbre de "l’autoportrait aux oreillers" d’Albrecht Dürer, dessin à la plume recto verso jalousement conservé par le Metropolitan museum of art de New York. 

Vous objecterez que parmi les peintres nommés plus haut Dürer n’est pas le meilleur des exemples. Riche et d’une famille fortunée, ce n’est pas le manque de modèles qui le poussait à se peindre lui-même, parfois déguisé en prophète, toujours embelli, mais la haute idée qu’il se faisait de sa personne, de ses talents et de la source de sa fortune (il aurait été le premier à intenter à Venise un procès contre le plagiat de ses gravures, quand elles avaient un énorme succès dans toute l’Europe et l’avaient beaucoup enrichi. En cela il était effectivement prophète). 

Mais notre exemple reste valable si la date de 1493 manuscrite en haut du verso est à peu près exacte (le monogramme AD, sur le recto, serait d’une autre encre que le dessin et certains experts le datent en réalité de 91 ou 92). Dürer, âgé de 20 à 22 ans, recommandé par son orfèvre de père, voyageait alors en Europe centrale pour parfaire sa formation, et rencontrait peintres, graveurs et imprimeurs importants.

Ainsi, à l’examen de la séquence des dessins sur cette feuille de jeunesse, pourrait-on imaginer les conditions probables de sa réalisation.
Albrecht s’ennuie dans la chambre d’auberge ou de l’éditeur qui l’héberge. Il a le temps de s'exercer avant le repas. Il prépare un godet d’encre et quelques plumes.
La lumière est à gauche, devant lui, posé sur la table un peu à gauche, un miroir. Il dessine d’abord en quelques traits rapides son visage qu’il a déjà représenté maintes fois. Sans doute lui a-t-on déjà commandé le traditionnel autoportrait destiné à la riche héritière qu’il épousera dès son retour. Il envisage de se montrer tenant un symbolique pied de chardon (ce sera l’autoportrait au chardon de 1493 aujourd’hui au Louvre). Il repousse le miroir inutile, et place à hauteur des yeux sa main gauche dont les doigts simulent la tenue du chardon. Il s’applique. 
La maitresse de maison, ou l’aubergiste, tarde à l'appeler pour le souper. Il reste de la place sur la feuille, et rien de passionnant à dessiner dans cette chambre austère. À droite, sur le lit défait par une sieste, quelques coussins ou oreillers fripés feront l’affaire. Et Albrecht se prend au plaisir de maitriser ces jeux de plis et de replis.
Après le souper il retournera la feuille et la remplira d’oreillers alignés qu’il aura soigneusement froissés. L’encre à peine sèche il s’endormira satisfait.

Ce qu’on lit sur les intentions de l’artiste, sur les profonds concepts qu’incarneraient ces dessins d’oreillers entre réalité et rêve, étrange et imaginaire, visages déformés et cornes de satyre, n'est qu'élucubrations, balivernes, et n’a pas plus de valeur que les 18,84 euros (16,01 dès le deuxième acheté) de cette mise en abyme commerciale imprimée sur un coussin.

vendredi 25 février 2022

Non, ça n’est pas la Joconde

Joseph Duplessis, portrait de madame Lenoir c.1764 (musée du Louvre)

Lecteur averti, lectrice avisée, quel est pour toi le plus beau portrait du Louvre, celui qui t’attire irrésistiblement quand tu flânes dans le musée ?
Naturellement, tu n’a pas versé dans le piège, tu as répondu sans hésiter « le portrait de madame Lenoir par Duplessis ». 
Tu as raison. Il y a au Louvre peu de portraits comme celui-ci - un ou deux Rembrandt peut-être - dont on peut dire qu’il n’est pas une figure arrangée pour flatter le modèle ou sa gloire, ni un stéréotype sorti des chimères d’un peintre, mais un être humain, une personne qui vit, un peu à l’étroit dans son cadre doré et ses deux dimensions, mais qui a la courtoisie de reprendre à chaque visite notre conversation silencieuse exactement où on l’avait interrompue. 

Sur son site, le Louvre reproduit madame Lenoir plongée dans un bocal enfumé, jaunâtre, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. La photo date probablement. Joseph Duplessis l’a peinte peu avant 1764. Il n’était pas encore l’un des portraitistes les plus appréciés des personnalités et de l’aristocratie, de Paris à Versailles. Il faudra attendre la décennie suivante pour les portraits de Necker, Gluck, Vien, Louis 16, mais on parlait déjà de la grande ressemblance de ses portraits, franche mais bienveillante.

Catherine Louise Lenoir, née Adam, tenait à Paris un commerce de bas (et visiblement aussi de nœuds papillon, falbalas et fanfreluches). Le Louvre, jugeant le métier peu digne du plus grand musée mondain de l’univers, a préféré titrer le portrait « Madame Lenoir, mère d'Alexandre Lenoir, fondateur du Musée des Monuments français ». En réalité, quand Joseph Duplessis portraiturait sa maman, le petit Alexandre, né en 1761, avait à peine piétiné quelques châteaux de sable.
Le peintre avait alors un peu plus de 35 ans, ce qui rend étrange le commentaire du musée qui attribue le tableau à une supposée « École de Duplessis » - ou alors École de est un terme fourretout quand on n'est pas certain d'une attribution.
  
J’entends, lecteur cynique, lectrice perverse, ta question sournoise « c’est peut-être le plus beau portrait du musée, mais pourquoi est-il absolument inconnu, quand l’auteur a peint des banquiers, des musiciens classiques, même un roi, raccourci depuis et mondialement célèbre pour cette raison, alors que l’autre portrait du Louvre, celui qui attire quotidiennement sur place des milliers de fanatiques, est tellement célèbre qu’il est reproduit par millions, aimanté, sur les réfrigérateurs de la planète entière ? »

À cela je répondrai que, même d’un vulgaire point de vue quantitatif, Duplessis n’a aucune leçon à recevoir d’un équivoque émigré italien. 

Tu sais, lecteur sceptique, lectrice incrédule, qu’un portrait de Benjamin Franklin, Père fondateur du libéralisme étasunien et entrepreneur exemplaire pour tout américain, orne depuis 100 ans presque sans interruption les billets de banque de 100 dollars. 
Sache que cette effigie était jusqu’en 1993 une gravure fidèle d’un tableau dit Franklin au col de fourrure, et depuis 1996 d’un autre tableau dit Franklin à la veste grise, le préféré du modèle.
Sache que ces deux portraits ont été peints par Joseph Duplessis en personne, en 1778 pour le premier quand Franklin était en France (la toile est actuellement au Metropolitan Museum de New York) et en 1785 pour le second, d’après son pastel de 1778 (à la National portrait gallery de Washington depuis 1987, et dans le bureau ovale de la Maison blanche depuis 2017).

Sache donc que cette tête de Benjamin Franklin par Joseph Duplessis circule aujourd’hui dans les poches et entre les mains (pas toujours propres) des habitants de tous les pays de la planète en 14.000.000.000 d’exemplaires… 
Ce qui se lit quatorze milliards.

Na !

mercredi 22 septembre 2021

Améliorons les chefs-d'œuvre (20)

Vers la fin du 18ème siècle, et au début du suivant, David (Jacques-Louis) était le plus grand peintre de France, au moins relativement à la surface peinte exposée. Militant forcené du retour au modèle antique, celui de l’empire romain, adepte d'un classicisme monumental, il était à son tour un modèle pour nombre de peintres formés dans son atelier. 

À peu près au même moment et au même endroit, Antoine de Lavoisier faisait perfectionner la balance de précision et quelques outils de mesure et, par des expériences minutieuses sur des gaz et d’autres corps, démontrait qu’ils étaient tous décomposables en éléments simples dans des proportions déterminées et constantes. C’est la loi de conservation de la masse des éléments après transformation, et la véritable invention de la chimie scientifique. 

David, membre de l’Académie royale de peinture et sculpture, soucieux de diffuser ses idéaux, qu’il pensait progressistes, mais aussi de bien vivre de sa peinture, faisait parfois des portraits mondains de l’aristocratie et de la bourgeoisie, pour se reposer de ses grandes tartines moralisatrices et pseudo-historiques. 
C’est ainsi qu’il rencontra les Lavoisier et en fit un beau portrait en 1788. Lavoisier, alors fermier général, conseiller ministériel, régisseur des poudres, était un scientifique fameux. Il finançait ses expériences et son train de vie en contrôlant et percevant les impôts à Paris pour Louis 16.

Au centre du portrait (voir ci-dessous), debout et en pleine lumière, dans une grande robe blanche ornée de rubans rouges et coiffée d’un extravagant chapeau noir à plume orné de fleurs et d’un gros nœud vermillon, madame Lavoisier regarde rêveusement vers le spectateur. Elle s’appuie négligemment sur l’épaule de son mari assis en partie dans son ombre, vêtu d’un habit à boutons dorés et d’une grande écharpe rouge, et qui la regarde presque affectueusement, surpris à écrire, sur un bureau de style au décor de bronze doré. 
Au fond, une grande bibliothèque est remplie de gros dossiers reliés.


À droite sur le bureau, la trace d’un globe et de feuilles de papier déroulées qui renseignaient peut-être sur l’identité du couple... 
Arrêtons la plaisanterie ! Vous ne retrouvez pas tous ces détails sur l’illustration. Pas de chapeau rouge, pas de bibliothèque, pas de boutons dorés… C'est normal, ils n’y sont plus. 
Ils ont été repeints par David, recouverts par une grande nappe rouge, un mur gris, des rubans bleus, des appareils scientifiques en verre.
Le Metropolitan museum of art héberge le tableau à New York depuis 40 ans, et ne s’en est aperçu qu'en 2019 en cherchant à remplacer le vernis vieillissant. Insoupçonnée depuis deux siècles, la dissimulation était presque parfaite, l’intégration des retouches faite avec des ingrédients chimiques couvrants et stables.

Signé en 1788, le tableau devait être présenté au Salon de 1789. Mais exposer le portrait d’un collecteur d’impôt représentant le pouvoir royal, et régisseur des poudres, sujet explosif en été 1789, n’était peut-être pas opportun. Il fut décidé de ne pas le montrer. 

On ne sait pas réellement à quel moment le fermier général et sa femme, coiffée et décorée à la mode, furent métamorphosés en un savant émérite couvé par une muse bienveillante. L’étude du Metropolitan museum « suppose prudemment », sans certitude, qu’au paiement du tableau, en décembre 1788, les modifications étaient déjà effectuées. Le « blanchiment » aurait alors répondu à une demande de Lavoisier, plus qu'à un repentir du peintre. 
C’est plausible ; en 1788, moins d’un an avant les États généraux qui deviendront Assemblée constituante, la contestation d'un pouvoir royal quasi absolu enflait un peu partout dans les corps de l’État, et de mauvaises récoltes mal gérées avaient provoqué de nombreuses révoltes populaires. 
Mais il est plausible aussi, et peut-être plus réaliste, que la transformation ait été faite entre 1790 et 1793, ce qui justifierait mieux son absence au Salon de 1789. 

Pendant ces quatre années, Lavoisier poursuivra ses expériences et collaborera activement aux comités de finances du gouvernement et à la création du système métrique. 
David, zélé politique, travaillera à la suppression de toutes les Académies et élucubrera des projets de tableaux de plus en plus vastes (le Serment du Jeu de paume devait faire 70 mètres carrés). Patriote convaincu, député en 1792, il sera nommé en 1793 président de la section des interrogatoires du Comité de sûreté générale. Il n’aura alors plus beaucoup de temps à consacrer à la peinture, organisera la propagande révolutionnaire et les grandioses fêtes de l’Être suprême où l’on brulait notamment des effigies de l’Athéisme, et validera les listes de comparution devant le tribunal de la Terreur. 

Dans ces longues listes d'accusés, on trouvait les noms de certains de ses amis, comme l'ancien fermier général Antoine (de) Lavoisier dont le corps sera séparé en deux parties inégales le 8 mai 1794. Il n'est pas prouvé que l'expérience aurait été faite afin de vérifier, en vertu du principe de conservation, que la masse additionnée des deux parties valait exactement le poids du savant avant décollation.

Dans le volume 5 de ses réflexions sur l’évolution (La foire aux dinosaures), le paléontologue Stephen Jay Gould place Lavoisier « parmi les 6 plus grands génies de tous les temps », et il cite, dans le chapitre 24 qu’il lui consacre, la dernière lettre à son cousin : « J’ai eu une assez longue vie, qui fut par-dessus tout heureuse, et je pense qu’on se rappellera de moi avec quelques regrets, et peut-être laisserai-je une certaine réputation derrière moi. Que demander de plus ? Les événements dans lesquels je me trouve impliqué vont probablement m’épargner les troubles du grand âge. Je vais mourir en pleine possession de mes facultés. »

Le tableau du couple Lavoisier amélioré par David restera chez les descendants jusqu’en 1924, quand il entrera dans la famille Rockefeller, puis au Metropolitan museum of art en 1977.

samedi 13 février 2021

Quelques chiens écrasés

À New York, le Metropolitan Museum, un des plus riches des États-Unis, a déclaré commencer le recensement, dans ses réserves, des œuvres en doublon ou rarement exposées, qui seraient ainsi monnayables pour renflouer les pertes de 2020, et sans doute 2021. La chose est encore admise jusqu’en avril 2022. Il faut faire vite. « Ne pas l’envisager serait irresponsable » a déclaré le directeur du musée.
La destination des fonds qui seraient récoltés reste un peu confuse : renflouement du déficit budgétaire, entretien des collections, à l'exclusion de leur équilibrage (c’est-à dire représenter plus justement les minorités et les femmes) mais la dénégation est annoncée avec une louche insistance…

Pendant ce temps en Europe s'emballe la valse des expositions annulées. Pour « Picasso période vert pomme », ou « les bijoux fantaisie des pharaons », « la porcelaine de Limoges dans la peinture impressionniste », « Les morpions dans les carnets de Léonard », ça n’aurait pas d’importance, on voit ce genre d’exposition tous les ans, mais pour une exposition-ovni qu’on n’attendait plus et qui avait atterri par surprise sur nos agendas, comme la rétrospective du peintre hollandais Jacob Vrel, c’est plus ennuyeux.  


On a parlé ici quatre fois de Jacob Vrel, notamment lors de l’exposition de la collection Lugt et à l’occasion d’une vente explosive (voir le dernier paragraphe de ce billet). Nous n’y reviendrons pas.
C’était la première rétrospective consacrée à Vrel, et le catalogue raisonné de son œuvre devait paraitre à cette occasion.
Sa première étape à l’Alte Pinakothek de Munich a été annulée. Son transit par la fondation Custodia à Paris, qui devait débuter le 29 janvier 2021, est absent de son site internet. Enfin le site du Rijksmuseum d’Amsterdam, qui devrait accueillir sa dernière étape en mai prochain, n’y fait pas la moindre allusion.

Vrel l’extraterrestre restera donc un mystère. Mais peut-être pas totalement. La Pinakothek de Munich affirme que la monographie du peintre, avec son catalogue raisonné, sera malgré tout publiée, en allemand, en anglais et en français.
Espérons que les librairies ne seront pas alors à nouveau confinées.

Enfin, un petit espoir a germé, pour les Italiens seulement. Leurs musées rouvrent, ainsi que les bars et restaurants, au compte-goutte et à bas régime, horaires restreints et fermeture le weekend. Quelques bienheureux découvriront ainsi dans les musées habituellement surpeuplés de Rome, du Vatican, de Florence, la félicité qu’était leur visite il y a 30 ou 40 ans.
L’Organisation mondiale de la santé et les gouvernements des autres nations, qui n’ont pas plus d'idées sur la manière d’agir et font habituellement n’importe quoi histoire de signaler leur existence, ont sermonné l’Italie, par précaution. Mais ils surveillent subrepticement les suites de cette petite expérience qu’ils déclarent un risque irresponsable.  

Observer les gesticulations de notre invincible civilisation moderne, totalement désorganisée par un spectre qu’elle ne voit même pas et qui n’a pas d’intention à son égard, est troublant.
Mais il ne sera pas dit qu’elle ne s’est pas défendue. Des musées envisagent déjà sérieusement de faire payer l’accès à leur visite dématérialisée.  
  

samedi 21 mars 2020

Tableaux singuliers (13)

Boilly, Le tableau du Sacre exposé au regard du public dans le Grand Salon du Louvre, 1810 (Metropolitan museum, New York - Cat. Bréton et Zuber : 761P)

Jacques-Louis David (1748-1825) était un grand peintre français extrêmement officiel, courtisan au service de tous les pouvoirs, de la Révolution à l’Empire, et chef de file en France du néo-classicisme, qui était l’imitation, en plus pompeux encore, des œuvres de la Rome antique, elles-mêmes imitées de l’art grec classique. C'est aujourd’hui un des peintres qui occupent le plus de surface sur les murs du Louvre.

Louis-Léopold Boilly (1761-1845) était un petit peintre français, artisan appliqué et virtuose, sans autre idéal artistique que d’être le chroniqueur malicieux de la société bourgeoise de son temps, sans autre ambition que de mener cette vie bourgeoise qu’il aimait dépeindre et obligé pour cela de produire estampes et tableaux, dans des formats modestes et dans des quantités industrielles (1).

En février 1808, puis en 1810, David, premier peintre de l’empereur, exposait à Paris une grande machine de propagande de 10 mètres par 6, commandée et supervisée par Napoléon, et le représentant couronnant Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, en présence de centaines de figurants, dont le pape Pie 7 et de nombreuses personnalités qui n’avaient pas toutes participé à l’évènement (dont David lui-même).
Le succès fut impressionnant. On achetait des copies gravées comportant une légende et des numéros permettant de localiser sur la toile les personnalités à remarquer.
David en exécutera 10 ans plus tard une réplique presque identique aujourd’hui dans le château de Versailles.

À l’époque, Boilly usinait petit portrait sur petit portrait, éblouissait le bourgeois par ses trompe-l’œil de pièces de monnaie éparpillées sur une table et de fausses estampes à la vitre brisée, et se délectait, dans des scènes de genre (2), à modeler les femmes dans les drapés sinueux de robes de style Empire.

Devint-il un moment las de cette vie confinée de peintre de boudoir, de jouer le rôle de la fourmi de la fable quand David, la cigale, triomphait ? Ou plus concrètement pensa-t-il profiter des retombées du succès du peintre de l’empereur.
Il lui demanda l’autorisation de dépeindre la réception de son chef d’œuvre par le public parisien en 1808. David le reçut aimablement dans son atelier et ne lui montra pas la toile car elle était alors roulée, mais nombre de copies gravées circulaient alors.

Humblement, Boilly en fit un tableau de 83 centimètres par 62, son échelle habituelle ; pas un chef d’œuvre, mais un savoureux travail de miniaturiste.
Dans la foule, il distribua des personnalités qu’il appréciait, deux écrivains et un acteur oubliés aujourd’hui, son fils Julien, le peintre Hubert Robert au centre sous le plumeau rouge, le sculpteur Houdon, à sa droite le visage à moitié caché, et son propre autoportrait de profil à l’extrême droite du tableau, derrière sa famille probablement, et devant le docteur Gall (3), qui regarde le spectateur.
Cherchant à inscrire en entier la toile de David dans son tableau, il en a nettement réduit les vraies dimensions, et sérieusement mitigé la grandiloquence en le plaçant dans la pénombre, et en figurant sous la lumière au premier plan, comme à son habitude, des personnages occupés à des activités frivoles, papotages et séduction, et assez indifférents à la toile de David.

Le tableau ne fit pas un triomphe. Exposé lors d’un hommage à David en 1826, il ne trouva acquéreur qu’en 1829, 19 ans après sa réalisation.
De retour sur le marché de l’art à Drouot en 1982, le Louvre se le faisait souffler par le richissime Charles Wrightsman, dont la femme en faisait don en 2012 au Metropolitan Museum de New York, où il n’est pas exposé.
On ne verra peut-être jamais le modèle gigantesque du Louvre escorté de son interprétation par Boilly. Les termes du legs en interdisent le prêt à d’autres musées.


***
(1) Le premier catalogue raisonné de Boilly, par Bréton et Zuber, édité chez Arthena en 2019, lui attribue 2853 œuvres dont 1420 peintures. Avant la naissance de la photographie, Boilly était le photomaton de la bourgeoisie parisienne. Il peignait à l’huile en une seule pose de 2 heures un portrait fin et très ressemblant de 15 centimètres par 21. Il aurait dit en avoir peint 4000 à 5000. Les auteurs qui admettent leur travail de recherche incomplet en ont recensé 784.
De nos jours, Boilly n’est pas totalement oublié, essentiellement pour la précision de son témoignage sur les habitudes vestimentaires et sociales à Paris au début du 19ème siècle, et pour ses facétieuses études d’expression caricaturales et têtes de grimaces.
(2) Boilly aurait demandé que soit seulement indiqué « peintre de genre » sur sa tombe. Sa volonté a été respectée. L’épitaphe est encore lisible au cimetière du Père-Lachaise, division 23.
(3) Le docteur Gall, peu apprécié de l’Académie des sciences qui désapprouvait son manque de rigueur, était le célèbre inventeur de la phrénologie. Il savait repérer, à la forme d’un crâne, la bosse des mathématiques ou les protubérances de l’immoralité.